Quatrième de couverture
Les droits imprescriptibles du lecteur
1. Le droit de ne pas lire.
2. Le droit de sauter des pages.
3. Le droit de ne pas finir un livre.
4. Le droit de relire.
5. Le droit de lire n’importe quoi.
6. Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible).
7. Le droit de lire n’importe où.
8. Le droit de grappiller.
9. Le droit de lire à haute voix.
10. Le droit de nous taire.
Avis d’une lectrice du dimanche
Comment résister à cette lecture après avoir découvert avec délices la définition d’un espace de liberté inaliénable par « les droits imprescriptibles du lecteur » ?
J’ai apprécié ce livre à la fois simple et attirant.
Ma seule critique est que l’auteur s’efface parfois derrière l’enseignant avec des démonstrations très pédagogiques…
Daniel Pennac écrit une ode à la lecture et pose le problème de l’apprentissage de la littérature à l’école. Bien souvent, l’amour des livres souvent ne survit malheureusement pas à l’enseignement. L'école est un cadre un peu rigide où la lecture devient une obligation. Fort de son expérience de parent et d’enseignant, il suggère quelques recettes pour ne pas éloigner la jeunesse des écrits.
L’auteur fait toutefois preuve d’humilité et désacralise le livre. La valeur et l’humanité d’une personne se mesurent grâce ses actes plutôt qu’à ses connaissances littéraires. La lecture est ramenée à un bonheur personnel car l’écriture n’a pas le pouvoir de changer la face du monde.
Voici un de mes passages préférés, après "Les droits imprescriptibles du lecteur » bien sûr :
« Tout à coup, cet autre éblouissement à rendre aphone : comment se peut-il que ce qui vient de me bouleverser à ce point n’ait en rien modifié l’ordre du monde ? Est-il possible que notre siècle ait été ce qu’l fut après que Dostoïevski eut écrit Les Possédés ? D’où viennent Pol Pot et les autres quand on a imaginé le personnage de PiotreVerkhovensky ? Et l’épouvante des camps, si Tchekhov a écrit Sakhaline ? Qui s’est éclairé à la blanche lumière de Kafka où nos pires évidences se découpaient comme plaques de zinc ? Et, alors même que se déroulait l’horreur, qui a entendu Walter Benjamin ? Et comment se fait-il quand tout fut accompli, que la terre entière n’ait pas lu L’Espèce humaine de Robert Antelme, ne serait-ce que pour libérer le Christ de Carlo Levi, définitivement arrêté à Eboli ?
Que des livres puissent à ce point bouleverser notre conscience et laisser le monde aller au pire, voilà de quoi rester muet.
Silence donc…
Sauf, bien entendu, pour les phraseurs du pouvoir culturel.
Ah ! ces propos de salon où, personne n’ayant rien à dire à personne, la lecture passe au rang des sujets de conversation possibles. Le roman ravalé à une stratégie de communication ! tant de hurlements silencieux, tant de gratuité obstinée pour que ce crétin aille draguer cette pimbêche : « Comment, vous n’avez pas lu le Voyage au bout de la nuit ? »
On tue pour moins que ça. »