Coup de coeur !
Quatrième de couverture
Elle aurait voulu être une bête, au moins ça aurait été clair. Elle est juste professeur de la vie et de la terre, mais il n'y a plus de vie il n y a plus de terre sous ses pieds quand son amant part. Alors au collège, elle n y va pas. Qu'est-ce qu'elle enseignerait, hein ? Son corps enseignant, il est ici. Son intelligence, sa patience, son savoir, tout pourrit sans caresse. Elle se racornit comme les feuilles de certaines plantes quand elles manquent d'eau. Elle peut juste attendre qu'il revienne ou qu'elle reparte le voir. Toute la vie suspendue dans l'intervalle. Sans son corps, elle ne peut pas enseigner C'est comme ça. Elle n'a de tête que si tout le corps vit. Et elle a beau essayer de penser autrement, elle n y arrive pas. Elle pense par la peau. Son corps la mène dans la vie et elle découvre un gouffre. Le corps peut manquer à l'appel. D'une écriture incisive et empathique, Jeanne Benameur brosse le portrait de tous les acteurs d'un collège de banlieue avant les émeutes, questionnant leur présence vive. Avec émotion, elle débusque les symboliques occultées du monde scolaire et les drames intimes de chacun: une brèche s'ouvre pour une pédagogie à rebours de tous les tabous.
Avis d’une lectrice du dimanche
Un beau roman écrit par une passionnée de l’enseignement, et surtout de l’enseignement public s’il vous plait !
Son écriture, si belle, chaleureuse et humaine, m’a noué les tripes de petits nœuds d’émotion…
Jeanne Benameur dresse un tableau réaliste de l’état d’esprit des élèves et des professeurs dans les cités. Elle évoque la frustration et la lassitude des habitants de ces quartiers déshérités. Profs et élèves éprouvent en fait les mêmes colères, les personnalités sont souvent étouffées par le bitume et l’absence de perspectives d’avenir. Chacun des protagonistes ont des vies, des sensibilités, des blessures et des rêves différents. Il est impossible de traiter le cas des élèves dans une globalité qui ne peut que les tirer vers le bas. Chaque étudiant est à considérer individuellement, avec un regard qui s’élève au-delà des notes.
Ce plaidoyer pour une éducation moins rigide, moins étouffée par les programmes, est touchant et plein d’espoir. L’intelligence ne fuit pas les quartiers difficiles, il faut seulement donner l’occasion aux jeunes de faire jaillir les pépites qui sont en eux. Elle rejette l’idée reçue de la paresse des jeunes. Ils ne recherchent pas l’oisiveté et peuvent travailler très dur si la motivation est là.
Le milieu des enseignements est également passé à la loupe car il n’y a pas un corps enseignant, comme on a l’habitude de le qualifier, mais une multitude de visions différentes sur l’éducation, de failles, d’énergies diverses et de méthodes employées.
Quelques extraits :
"L'école gratuite, nom de Dieu, il faut en profiter !
Quand il voit dans le métro toutes les publicités qui fleurissent pour les officines de cours particuliers, l'exaspération lui brûle la langue. "Professeurs diplômés et pédagogues", mais
eux alors, ici, ils ne sont pas diplômés et pédagogues ? Personne ne se demande si leurs diplômes, leur pédagogie ne seraient pas plus efficaces si on arrêtait avec ces classes à vingt-cinq, à
trente, qui ne correspondent plus à rien ? Ceux qui donnent des cours particuliers peuvent, c'est sûr, se targuer de bons résultats. A deux, la connaissance fait son chemin plus vite et mieux
qu'à trente, c'est mathématique !"
.
" La classe de troisième est sortie du cours de français dans un silence inhabituel. Les élèves sont encore dans la brume de l'histoire lue. La sonnerie les a dérangés. Le professeur de lettres dit Pour ceux que ça intéresse, au CDI il y a la Lettre au père et une série de la Métamorphose, vous pouvez les demander à Mlle Pascalet.
Pour ceux que ça intéresse.
Il ne rendra pas cette lecture obligatoire. Il est sûr qu'il y aura quelques lecteurs, il l'a senti dans leur écoute, leur lenteur à quitter leurs chaises, la salle. Et s'il n'y en a que quelques-uns, c'est suffisant. Pour une fois, il se fie jusqu'au bout à lui-même. La lecture est un aliment de choix, pas du maïs à gaver les oies. Et l'appétit vient en mangeant, il vient aussi à regarder les autres se délecter."