Ma bibliothèque virtuelle, balades et quelques carnets de voyage
Quatrième de couverture
Rares sont les Gitans qui acceptent d'être tenus pour pauvres, et nombreux pourtant ceux qui le sont.
Ainsi en allait-il des fils de la vieille Angéline. Ils ne possédaient que leur caravane et leur sang.
Mais c'était un sang jeune qui flambait sous la peau, un flux pourpre de vitalité qui avait séduit des femmes et engendré sans compter. Aussi, comme leur mère qui avait connu le temps des chevaux et des roulottes, ils auraient craché par terre à l'idée d'être plaints. A. F.
Avis d’une lectrice du dimanche
Ce livre m’a laissé une sensation de perplexité, voire même un certain malaise. J’ai beaucoup aimé l’écriture d’Alice Ferney et également les thèmes abordés dans ce roman. Mais la gêne s'installe pendant le récit car tout est trop tranché, caricatural.
Une bibliothécaire, Esther, décide de s’attaquer à l’illettrisme dans un camp de gitans et prend l’habitude de s’y rendre chaque semaine pour offrir des lectures aux enfants. Il lui faudra d’abord obtenir l’autorisation d’Angéline, la doyenne de la famille, et ensuite surmonter la méfiance des cinq fils de la matriarche, ainsi que de leurs épouses. Elle est peu à peu acceptée et même invitée dans les caravanes, elle reçoit les confidences, donne des conseils pour scolariser les enfants les plus âgés.
Il n’est certes pas facile de parler des gens du voyage en gardant un ton juste et sans tomber dans l’angélisme. Mais il me semble tout de même que l’auteur n’a pas évité l’écueil des clichés.
Tout d’abord, Esther est gentille et un peu mère Térésa, elle gagne leur affection et le respect. Mais la réciproque n’existe pas car elle sépare catégoriquement sa bonne action de sa vie privée. Elle refuse de présenter son mari et ses enfants, malgré des demandes insistantes. La confiance n’est pas partagée ! La relation de l’héroïne du roman avec les gitans se limite à de la charité condescendante. Est-ce la seule alternative ?
Ensuite, l’auteur évoque très peu la culture gitane. Elle nous parle simplement du machisme des hommes, voleurs, sans aucune activité pour vivre, souvent alcooliques et violents. La saleté repoussante, les enfants lavés une fois toutes les deux semaines car il faut faire chauffer l’eau sur le feu. Les femmes soumises et malheureuses, écrasées par l’autorité du mari et de la belle-mère tyrannique. Des enfants aimés d’une certaine manière mais battus durement. La nourriture est essentiellement trouvée en fouillant dans les poubelles... etc, etc...
Je n’ai pas de connaissances précises du monde des tziganes, mais il m’est difficile de croire que ces descriptions reflètent fidèlement leurs conditions de vie actuelles. Même si les traits décrits se retrouvent bien sûr dans certains cas, il est dommage de réduire à cela cette société méconnue et décriée. Aucun savoir-faire, utilité ou dignité ne leur sont vraiment reconnus dans ce roman.