Quatrième de couverture
Sous le pseudonyme de Lauren Kelly, la grande romancière Joyce Carol Oates, Prix Femina 2005
pour Les Chutes, poursuit en parallèle une carrière d’auteur de suspense. Vénéneux et diabolique, ce roman nous propulse sur la scène underground new-yorkaise, où Drew Hildebrand, riche et
fantasque mécène, provoque le scandale autour d’une exposition de "bio-art" qui présente foetus et masques de sang humain, dont un à sa propre effigie. Est-ce pour cela qu’elle disparaît de sa
propriété au bord de l’Hudson ? Seul indice sur les lieux : un crucifix. Et seul témoin : sa nièce, retrouvée à demi nue dans un parc, sous l’emprise du "crystal meth", et dont les réminiscences
floues peuvent être les conséquences de la drogue comme du traumatisme qu’elle a subi...
La femme, le corps, le pouvoir, la sexualité... autant de thèmes chers à Joyce Carol Oates, exploités de main de maître dans ce suspense subtil et obsédant.
Avis d'une lectrice du dimanche
Joyce Carol Oates signe un thriller étrange et captivant !
Drew Hildebrand, mécène incontournable, accueille une communauté d’artistes dans sa propriété, située au bord de l’Hudson. L’exaspération monte dans les milieux religieux et puritains en observant ces artistes à la vie ostensiblement dépravée.
Drew apprend que son frère est condamné à purger une peine de prison. Sa belle-sœur, déséquilibrée et en délicatesse avec l’alcool, s’avère incapable de continuer à élever sa fille, Annemarie. Drew recueille alors sa nièce, une adolescente timide et renfermée. Elle tente pendant plusieurs années de la façonner à sa propre image, jusqu’à lui donner un nouveau prénom, Marta.
Cette femme fascinante et manipulatrice lâche une dernière provocation en organisant une exposition de « bio-art » avec des foetus, et dont la pièce maîtresse est un masque créé avec du sang humain. Elle disparaît peu de temps après, sa nièce est retrouvée dans les bois à moitié morte, battue et droguée avec une substance souvent mortelle.
Les enquêteurs de police essaient de réanimer peu à peu la mémoire de Marta pour identifier les agresseurs et retrouver Drew Hildebrand. Cette recherche nous fait pénétrer dans les milieux glauques de l’art contemporain, avec des artistes aux personnalités fragiles, instables, superficielles et parfois nocives. Certains ne sont que vanité et sont prêts à toutes les bassesses pour parvenir à leurs fins. L’argent donne le pouvoir à une poignée de personnes capricieuses la possibilité de faire et défaire les carrières de manière complètement arbitraire. Les intégristes religieux sont également soupçonnés car ils ont déjà tenté de faire plier ce mécène atypique par la violence. Dans l’entourage de Drew, les domestiques et divers salariés cachent eux aussi de sombres secrets. Entre hallucinations, cauchemars et réminiscences, sa nièce recherche elle aussi la vérité…
Marta est la narratrice, elle nous fait partager sa vie auprès de sa tante, à qui elle vouait une adoration inconditionnelle, et sa quête pour dompter sa mémoire. Dans une atmosphère lourde et angoissante, la réalité se laisse peu à peu entrevoir, défiant toutes les suppositions. L’incertitude nous ronge jusqu’aux dernières lignes. Plus que l’action, la psychologie des personnages occupe une place prépondérante dans ce récit. Tout n’est que complexité, ce suspense est très loin des images simplistes et manichéennes…
Un grand merci à Carol, des éditions Albin Michel
pour la découverte de ce thriller...
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