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Quatrième de couverture
Un paysan appelé Vania poussait une barque entouré d'enfants. Il est mort d'un arrêt du coeur, là, quelque part dans l'herbe. Les enfants ont grandi en exil, sous d'autres nationalités. Ils sont devenus français, anglais, américains. La plupart ne sont jamais revenus en Russie.
Avis d’une lectrice du dimanche
Coup de cœur !
Jusqu’à ses 40 ans, Marie Belgorodsky ne s’est jamais vraiment intéressée à ses origines russes. Elle est quasiment dans le déni car le passé a meurtri sa famille. Sa rencontre avec un vieil homme, Vassili Vassiliev, va changer son horizon. Il lui remet le Livre du Destin, journal intime de Adichka Belgorodsky, son grand-oncle, et de Nathalie, sa grand-tante. Le couple Belgorodsky est issu d’une lignée illustre, appartenant à la noblesse terrienne. Ce témoignage relate une période à jamais disparue, leur vie au début de la révolution communiste, entre 1916 et 1917. Cette famille a fuit pour survivre et s’est dispersée en Europe et aux Etats-Unis. Marie Belgorodsky, fascinée par ce récit, a désormais envie de revenir sur les pas de son passé pour rendre hommage à ce couple princier.
Ce roman est magnifique, sensible, écrit avec raffinement et fluidité. C’est la haute société russe avant la première guerre mondiale qui est décrite, avec son faste et son insouciance. Ces propriétaires terriens ont un niveau culturel exceptionnel. Musiciens remarquables, ils consacrent des heures à l'art. Ils vénèrent la littérature russe et française. Adichka Belgorodsky, le seigneur de Baïgora, est respecté par les paysans qui travaillent pour lui : Il les traite avec humanité et commence à adhérer aux idées nouvelles de partage des terres. Pourtant des restes d’insouciance obscurcissent sont jugement. Il n’évolue pas assez vite pour répondre aux aspirations de justice sociale de la population. Les vœux légitimes d’une vie meilleure des paysans se sont heurtés à l’autisme de la noblesse, isolée dans la cage dorée de l’oisiveté.
Le contexte historique est omniprésent dans ce roman avec les ravages de la guerre de 1914-18, la cruauté de Raspoutine et sa présence néfaste à la cour jusqu’à son assassinat. La révolution bolchevique est décrite comme une vaste manipulation, les basses manœuvres de quelques agitateurs opportunistes qui ont utilisé la misère du peuple. Toute partiale qu’elle soit, cette analyse n’est pas dénuée de fondement car la liberté du peuple russe a finalement toujours été confisquée, d’abord par les tzars et la noblesse, puis par les différents responsables du régime communiste. Les bolcheviques ont massacré un grand nombre d’êtres souvent innocents. Si toutes les révolutions se font dans le sang, de celle-ci la lumière et la démocratie n’ont pas réussi à émerger.
Ce beau livre m’a donné envie de lire les autres titres de Anne Wiazemsky, et surtout de me replonger dans la littérature classique russe !