Quatrième de couverture
Ça se déroulait toujours de la même manière. Une voix appelait sur mon cellulaire, tard le soir ou tôt le matin. Elle demandait à me rencontrer en tête-à-tête. Et donnait la phrase rituelle :
«En souvenir d'André.»
Je me rendais à l'adresse indiquée et là, je rencontrais un homme, parfois seul, parfois avec une autre personne, de son âge ou plus jeune. On ne faisait pas de présentations. Ils connaissaient mon nom, ils m'avaient donné leur prénom. Lorsque le malade souffrait trop, l'autre personne était là pour m'expliquer. Je l'arrêtais très vite.
«Je vais d'abord m'occuper de la douleur.»
Avis d'une lectrice du dimanche
Un beau roman, tellement humain... Martin Winckler se penche sur le suicide assisté, il évoque le regard de notre société sur la mort et la souffrance. Ce livre est beaucoup plus qu'un énième plaidoyer en faveur l'euthanasie, l'auteur réfléchit aux besoins réels des malades en fin de vie.
Le narrateur (ce n'est pas l'auteur) est un médecin qui accepte d'aider certaines personnes, sur leur demande, à abréger leur agonie. Le pays, en Europe, n'est pas précisé, mais on peut supposer qu'il s'agit d'une nation telle que la Suisse où l'euthanasie est maintenant acceptée et encadrée au niveau législatif.
Martin Winckler ne se limite pas à énumérer les moyens employés pour accélérer la fin sans douleur ni peur. Le narrateur suggère que finalement peu de gens demandent réellement à mourir. Les malades ont surtout besoin d'être respectés et écoutés. Et même les patients qui demandent à en finir attendent beaucoup plus qu'une assistance technique. Ils ont besoin d'un accompagnement pour réaliser un cheminement personnel, intellectuel et affectif.
A travers ce livre où la trame romanesque est toujours un peu extravagante, selon l'habitude de Martin Winckler, ce médecin-écrivain continue son combat en faveur des malades. Il fustige la condescendance souvent de mise dans le milieu médical. Le malade est seulement un cas pathologique, il n'a pas accès à l'information, sa souffrance est minorée... Et surtout le libre-arbitre si cher à l'humain est anéanti dès son entrée à l'hôpital.
Martin Winckler assène des images parfois caricaturales, voire même provocantes pour faire réagir et réfléchir le lecteur. Il faut certes que le milieu médical se remette en question mais également les individus car les familles ont souvent du mal à respecter les souhaits de leurs proches en fin de vie...