Quatrième de couverture
En 1973, Rob Schultheis retire ses maigres économies de la banque et prend la route de l'Ouest au volant de son minibus Volkswagen. Il débarque
à Telluride, dans le Colorado. À l'époque, Telluride n'est qu'une petite ville minière coupée du monde, où vivent quelques familles isolées et où rôdent encore loups et grizzlys ; le genre
d'endroit où l'on vous passe à tabac si vos cheveux sont trop longs. Trente ans plus tard, elle est devenue une destination de villégiature pour les riches skieurs du monde entier. Le rêve
américain s'exprime ici dans toute sa folie, du médecin local qui chasse les ovnis à bord de son Cessna à la magie sinistre des fantômes qui peuplent le désert indien. Avec un style tout aussi
indomptable que son sujet, L'Or des fous entraîne le lecteur à travers un voyage inoubliable et lui fait entrevoir le visage changeant et méconnu de l'Ouest américain
Avis d’une lectrice du dimanche
Un hymne à la vie et à la nature écrit de manière truculente
par un personnage hors du commun…
Bob Schultheis décrit une contrée de l’Ouest des Etats-Unis : Telluride, une ville dans les Rocheuses. Cette petite bourgade rustre, dans
laquelle l’auteur est arrivé en 1973, est devenue une station de ski à la mode.
Le climat est rude, les paysages sont à la fois grandioses, sublimes, désolés et inquiétant. Mais ne vous attendez pas à une description
romantique ! Point de nostalgie ici ! Le récit se construit sur le mode factuel, avec quelques traits d’humour parfois acerbe, et un ton militant dès qu’il s’agit du respect humain et
de la nature.
Pour se faire une idée du genre de récit que nous propose l’auteur américain, il suffit de savoir que Bob Schultheis est un personnage
charismatique, exceptionnel. Grand baroudeur et adepte du chamanisme, il a été correspondant de guerre en Afghanistan pendant une longue période, malgré les menaces de mort du KGB puis des
talibans.
L’auteur arrive donc à Telluride au début des années 70, rempli de rêves d’évasion. Au volant de son minibus Volkswagen, il débarque à la
conquête de l’ouest ! Cette ancienne colonie de mineurs ne le décevra pas. Les personnalités rencontrées sont râpeuses et coriaces à souhait, l’ambiance ressemble fort à l’époque pourtant
révolue de la ruée vers l’or et des cow-boys armés jusqu’aux dents. Les montagnes sont belles et terrifiantes, avec des tempêtes époustouflantes, des avalanches furieuses. L’été y est extrêmement
court, mais d’une douceur paradisiaque.
Bob Schultheis s’insurge en contemplant cette nature peu à peu dégradée par des promoteur immobiliers sans scrupule. L’esprit mesquin et étriqué
des nouveaux riches essaie d’aseptiser les montagnes pour l’adapter à des touristes urbains.
L’auteur brosse également de succulents portraits de certains autochtones. Les personnalités des gens réellement attirés par les hautes
montagnes sont souvent originales, tumultueuses…
Quelques extraits
"Et puis la nature sauvage, toutes les variétés, toutes les espèces. Cette première année, un ami à moi descendait à pied les pistes recouvertes d'herbe de Coonskin,
au clair de lune, à la mi-août. A la sortie du virage, il fait un énorme bond de surprise : un GROS puma, un immense mâle de la taille d'une Harley-Davidson, avec des crocs comm des clous de
chemin de fer. Le fauve le fixe sans ciller de ses grands yeux phosphorescents, pareils à la lumière qui s'échappe d'un réacteur nucléaire. Cronk, cronk slurp cronk. Ses mâchoires, qui
auraient pu briser en deux une batte de base-ball aussi facilement qu'un gressin, fouaillent le tartare de cerf et il avale des pintes de sang encore chaud pour faire descendre le
tout."
"Durant ses dix dernières années, nous avons vu les rapaces et les crétins piller, mettre à sac et profaner nos montagnes sans souci du lendemain. Ils ont asséché
d'anciens marais d'altitude pour construire des terrains de golf, abattu au bulldozer des arbres séculaires pour faire place à leurs obscènes maisons de parvenus, fait s'envoler si haut les prix
de l'immobilier que les ouvriers et les anciens ont été contraints de partir.
C'est l'envers de la démocratie. Qu'un butor puisse détruire une vallée entière, une ville ou un écosystème, simplement parce qu'il en a le "droit". En Amérique,
tout le monde à des droits, mais certains en ont plus que d'autres. Ils ont payé assez cher pour ça, pas vrai ?"
Le billet de Keisha m'a incitée à découvrir ce beau
livre de nature writing