Quatrième de couverture
"Voyage avec un âne dans les Cévennes " - un des premiers livres, si je ne m'abuse, qui ait fait découvrir M. Stevenson aux amoureux du style -
abonde en charmantes illustrations de sa tendance à voir le monde comme une bohème non pas vraiment raffinée, mais glorifiée et pacifiée. Je me souviens fort bien avoir éprouvé à sa lecture,
voici plus de dix ans, l'impression de voir le visage de l'auteur, alors inconnu du public, apparaître à mes yeux par la grâce d'un style."
Henry James
Avis d'une lectrice du dimanche
Un récit de voyage savoureux !
Mon seul regret : ne pas avoir choisi la parution chez les Editions du Rouergue (1998), avec les
photographies de Nils Warol…
Suite à une rupture amoureuse, Stevenson décide de se changer les idées grâce à une randonnée de douze jours dans les Cévennes. Ce récit, publié
en 1879, offre un beau voyage géographique et temporel !
La belle plume de l’auteur nous fait arpenter avec délice les chemins de randonnée au rythme de Modestine, l’âne qui partagea son périple pour
le meilleur et pour le pire. Il part du Monastier jusqu’à Saint-Jean-du-Gard (près d’Alès), traversant ainsi la région de Velay, le Gévaudan, le Mont Lozère et les Cévennes. Cet itinéraire
correspond aujourd’hui à une grande partie du GR 70.
Le ton est enjoué, piquant et plein d’humour. La relation de Stevenson avec son âne est des plus drôles, parfois complice et le plus souvent
conflictuelle ! Le voyageur écossais décrit à la fois les us, coutumes et paysages. Le ton est passionné pour décrire les sites qui le charment, ou au contraire sa faconde communique
son angoisse face à certains endroits froids, désertiques.
Ses seules appréhensions vis-à-vis de la population sont d’être pris dans des querelles idéologiques, en pleine guerre de religion, avec des
camisards battant la campagne !
Extraits
"L'auberge du Bouchet-Saint-Nicolas était des moins prétentieuses que j'aie jamais visitées, mais j'en vis beaucoup plus de ce genre durant mon voyage. Elle
était en effet typique de ces montagnes françaises. Qu'on imagine une maison campagnarde à deux étages avec un banc devant la porte, la cuisine et l'étable contiguës, de sorte que Modestine et
moi pouvions nous entendre dîner réciproquement. Ameublement des plus sommaires, sol de terre battue un dortoir unique pour les voyageurs et sans autre commodité que des lits. Dans la cuisine,
cuisson et manger vont de pair et la famille y dort la nuit. Quiconque a la fantaisie de faire sa toilette doit y procéder en public à la table commune. La nourriture est parfois frugale : du
poisson sec et une omelette ont constitué en plus d'un cas mon menu. Le vin y est des plus médiocres, l'eau-de-vie abominable. Et la visite d'une énorme truie grognant sous la table et se
frottant à vos jambes n'est pas un impossible accompagnement du repas.
"En second lieu, mon chemin traversait une des contrées les plus misérables du monde. C'était en quelque sorte en dessous même des highlands d'Ecosse, en
pire. Froide, aride, ignoble, pauvre en bois, pauvre en bruyère, pauvre en vie. Une route et quelques clôtures rompaient l'immensité uniforme et le tracé de la route était jalonné par des bornes
dressées afin de servir de repère en temps de neige."
"Pendant 12 jours, nous avions été d'inséparables compagnons ; nous avions parcouru sur les hauteurs plus de cent vingt kilomètres, traversé plusieurs
chaînes de montagnes considérables, fait ensemble notre petit bonhomme de chemin avec nos six jambes par plus d'une route rocailleuse et plus d'une piste marécageuse. Après le premier jour,
quoique je fusse souvent choqué et hautain dans mes façons, j'avais cessé de m'énerver. Pour elle, la pauvre âme, elle en était venue à me considérer comme une providence. Elle aimait manger dans
ma main. Elle était patiente, élégante de formes et couleur d'une souris idéale, inimitablement menue. Ses défauts étaient ceux de sa race et de son sexe ; ses qualités lui étaient propres.
Adieu, et si jamais..."