Quatrième de couverture
« 93 ans. La fin n’est plus bien loin. Quelle chance de pouvoir en profiter pour rappeler ce qui a servi de socle à mon engagement politique :
le programme élaboré il y a soixante-six ans par le Conseil National de la Résistance ! » Quelle chance de pouvoir nous nourrir de l’expérience de ce grand résistant, réchappé des camps de
Buchenwald et de Dora, co-rédacteur de la Déclaration universelle des Droits de l’homme de 1948, élevé à la dignité d’Ambassadeur de France et de Commandeur de
la Légion d’honneur !
Pour Stéphane Hessel, le « motif de base de la Résistance, c’était l’indignation.» Certes, les raisons de s’indigner dans le monde complexe
d’aujourd’hui peuvent paraître moins nettes qu’au temps du nazisme. Mais « cherchez et vous trouverez » : l’écart grandissant entre les très riches et les très pauvres, l’état de la planète, le
traitement fait aux sans-papiers, aux immigrés, aux Roms, la course au “toujours plus”, à la compétition, la dictature des marchés financiers et jusqu’aux acquis bradés de la Résistance –
retraites, Sécurité sociale… Pour être efficace, il faut, comme hier, agir en réseau : Attac, Amnesty, la Fédération internationale des Droits de l’homme… en sont la démonstration.
Alors, on peut croire Stéphane Hessel, et lui emboîter le pas, lorsqu’il appelle à une « insurrection pacifique ».
Sylvie Crossman
« Les gouvernements, par définition, n’ont pas de conscience. »
Albert Camus, Témoins n° 5, printemps 1954
Avis d'une lectrice du dimanche
Une lecture jubilatoire pour moi !
C'est le cri d'un homme sincère pour soulever la lourde chape
de passivité et d'indifférence qui délite peu à peu nos démocraties occidentales.
Tout d'abord, Stéphane Hessel dresse un constat sans appel : L'élan de progrès culturel et social amorcé après 1945, très fort jusqu'à la fin des années 90, a été brutalement stoppé dès le
début des années 2000. Depuis 10 ans, les acquis sociaux, les libertés individuelles et le respect des droits de l'homme sont brutalement attaqués.
Ce résistant dans l'âme appelle à un réveil des consciences tant sur la solidarité que sur la défense des droits de l'homme :
"Il nous appartient de veiller tous ensemble à ce que notre société reste une société dont nous soyons fiers : pas cette société des sans-papiers, des
expulsions, des soupçons à l'égard des immigrés, pas cette société où l'on remet en cause les retraites, les acquis de la Sécurité Sociale, pas cette société où les médias sont entre les mains
des nantis, toutes choses que nous aurions refusé de cautionner si nous avions été les véritables héritiers du Conseil National de la Résistance."
Il s'insurge contre la destruction, depuis 2008, de notre système éducatif. Il faut prendre conscience que seuls les pays mettant l'accent sur l'éducation des enfants peuvent évoluer
socialement, et réussir à s'imposer au niveau de l'économie mondiale. L'auteur ne prend même pas la peine de mentionner les baisses de budget draconniennes et les multiples suppressions de
postes, il dénonce des mesures plus profondes et pernicieuses :
"La Résistance en appelait à la possibilité effective pour tous les enfants français de bénéficier de l'instruction la plus développée, sans discrimination ;
or, les réformes proposées en 2008 vont à l'encontre de ce projet. De jeunes enseignants, dont je soutiens l'action ont été jusqu'à refuser de les appliquer et ils ont vus leurs salaires amputés
en guise de punition. Ils se sont indignés, ont désobéi, ont jugé ces réformes trop éloignées de l'idéal de l'école républicaine, trop au service d'une société de l'argent et ne développant plus
assez l'esprit créatif et critique."
Hessel alerte sur les risques pour notre démocratie amenés par les politiques économiques actuelles, et dénoncent l'absurdité des arguments amenés par les politiques pour justifier leur
démarche de sape des acquis sociaux :
"Une organisation rationnelle de l'économie assurant la subordination des intérêts particuliers à l'intérêt général et affranchie de la dictature
professionnelle instaurée à l'image des Etats fascistes"
"On ose nous dire que l'Etat ne peut plus assurer les coûts de ces mesures citoyennes. Mais comment peut-il manquer aujourd'hui de l'argent pour maintenir et
prolonger ces conquêtes alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l'Europe était ruinée ? Sinon parce que le pouvoir de l'argent, tellement
combattu par la Résistance, n'a jamais été aussi grand, insolent, égoïste, avec ses propres serviteurs jusque dans les plus hautes sphères de l'Etat. Les banques désormais privatisées se montrent
d'abord soucieuses de leurs dividendes, et des très hauts salaires de leurs dirigeants, pas de l'intrêt génral. L'écart entre les plus pauvres et les plus riches n'a jamais été aussi important ;
et la course à l'argent, la compétition, autant encouragée."
Hessel appellent les politiques, les intellectuels et les simples citoyens à réagir !
"Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle
dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie."
Il rappelle que l'engagement c'est l'affaire de tous. Ce discours fait plaisir à entendre à une époque où une grosse part de la population râle, catalogue les politique de "tous pourris", et en
même temps de moins en moins de personnes s'engagent dans les associations pour agir contre les injustices ou défendre leurs idées. La critique est facile lorsqu'on se positionne
en simple spectateur...
Pour Hessel l'action de chaque citoyen est possible en s'impliquant par exemple dans les nombreuses organisations non gouvernementales qui se sont créées ces dernières années et font entendre
leur voix au niveau mondial : Amnesty, La Ligne des Droits de L'homme, Attac...
L'auteur insiste sur le fait que la violence et les révolutions sont toujours néfastes :
"Je suis convaincu que l'avenir appartient à la non-violence, à la conciliation des cultures différentes. C'est par cette voie que l'humanité devra
franchir sa prochaine étape."
La deuxième partie du livre de Hessel est délicate car il attaque le comportement d'Israël vis à vis de la Palestine. Il reproche à l'armée d'avoir perpétré de véritables crimes de
guerre. Je complètement d'accord avec ses accusations concernant certains actes de violences inadmissibles envers les populations civiles. De plus, je trouve injuste les accusations de racisme et
d'anti-sémitisme proférées par certains envers Hessel. Il critique seulement la politique du gouvernement d'Israël et condamne sans ambiguïté les actes terroristes du Hamas. Il est lui-même
juif, a connu les camps de concentration.
Juste une petite nuance : le problème oublié par Hessel est que la communauté internationale aura difficilement les moyens de brider cette politique brutale tant que le
Hamas et certains pays n'auront pas reconnu explicitement le droit à exister d'Israël.
"Il faut absolument lire le rapport de Richard Goldtrone de septembre 2009 sur Gaza, dans lequel ce juge sud-africain, juif, qui se dit même sioniste, accuse
l'armée israélienne d'avoir commis des actes assimilables à des crimes de guerre et peut-être, dans certaines circonstances, à des crimes contre l'humanité pendant son opération "Plomb durci" qui
a duré trois semaines."
"Quant à Gaza, c'est une prison à ciel ouvert pour un million et demi de Palestiniens. Une prison où ils s'organisent pour survivre."
"On nous a confirmé qu'il y avait eu mille quatre cents morts - femmes, enfants, vieillards inclus dans le camp palestinien - au cours de cette
opération "Plomb durci", menée par l'armée israélienne, contre seulement 50 blessés côté israélien. Je partage les conclusions du juge sud-africain. Que les juifs puissent perpétere eux-mêmes des
crimes de guerre, c'est insupportable. Hélas, l'histoire donne peu d'exemples de peuples qui tirent les leçons de leur propre histoire."