Quatrième de couverture
Leur heure venue, bien peu sont ceux qui peuvent échapper à la Mort. Et, parmi eux, plus rares encore, ceux qui réussissent à éveiller Sa curiosité. Liesel Meminger y est parvenue. Trois fois cette fillette a croisé la Mort et trois fois la Mort s'est arrêtée. Est - ce son destin d'orpheline dans l'Allemagne nazie qui lui a valu cet intérêt inhabituel ou bien sa force extraordinaire face aux événements ? A moins que ce ne soit son secret... Celui qui l'a aidée à survivre. Celui qui a même inspiré à la Mort ce si joli surnom : la Voleuse de livres...
Avis d'une lectrice du dimanche
Coup de coeur !
Un livre magnifique, singulier.
Le pouvoir des mots est infini.
La musique grinçante de certaines paroles saturées de haine a permis à Hitler de prendre le pouvoir.
D'autres mots, intenses, remplis de générosité, de rêve et de poésie sont des armes tout aussi redoutables pour ceux qui luttent pour la vie, contre la dictature.
Dans l'Allemagne nazie, la dictature enlève d'abord à Liesel son père, accusé d'être communiste. Sa mère est obligée d'entreprendre un pénible voyage avec ses enfants pour les abandonner dans une famille d'accueil. Liesel voit son frère mourir dans ses bras pendant le trajet. Elle survivra à cette période noire, protégée par les Hubermann, ses nouveaux parents...
La narratrice n'est autre que la Mort. Elle se présente dès le début du récit :
"Je pourrais me présenter dans les règles, mais ce n'est vraiment pas nécessaire. Vous ferez bien assez tôt ma connaissance, en fonction d'un certain nombre de paramètres. Disons simplement qu'à
un moment donné, je me pencherai sur vous, avec bienveillance. Votre âme reposera entre mes bras. Une couleur sera perchée sur mon épaule. Je vous emporterai avec douceur."
"L'essentiel, c'est la couleur dont seront les choses lorsque je viendrai vous chercher. Que dira le ciel ? Personnellement, j'aime quand le ciel est couleur chocolat. Chocolat noir, très
noir."
"Petite théorie : Les gens ne remarquent les couleurs du jour qu'à l'aube et au crépuscule, mais pour moi, une multitude de teintes et de nuances s'enchaînent."
La Mort est une conteuse exceptionnelle du fait de son ubiquité et de son détachement des passions humaines. A force de les cotoyer, elle éprouve parfois de la lassitude à la vue de la capacité de destruction des humains, mais aussi de l'admiration face à certaines personnalités.
Ce roman oscille entre conte lyrique et témoignage historique.
La vie quotidienne des Allemands sous le joug d'Hitler est longuement évoquée. Nombre d'entre eux étaient victimes de ce régime cruel au même titre que les autres nations européennes.
Des portraits exceptionnels insufflent une énergie exceptionnelle à ce récit, paradoxalement tourné vers la vie avec force et acharnement.
Liesel est une personnalité lumineuse.Elle commence à voler des livres dès les premiers drames de sa vie. Sa relation avec la lecture est complexe, conflictuelle et addictive. Les mots et la lecture la sauveront.
Rudy, son plus fidèle compagnon, ramènera la douleureuse vie de Liesel vers les joies et les bagarres de l'enfance. Le jeune garçon court après deux rêves : embrasser Liesel et courir aussi vite que son idole, le coureur noir Jessie Owens. Son énergie est aussi consacrée à survivre à la guerre et à fuir la servitude des jeunesses hitlériennes.
La mort et Liesel ont des opinions identiques concernant Hans Hubermann.
Les informations recueillies par la Mort : "Il aimait fumer. Ce qu'il préférait dans les cigarettes, c'était les rouler. Il exerçait la profession de peintre en
bâtiment et jouait de l'accordéon (...) Il m'avait déjà échappé lors de la Première Guerre mondiale, et il sera retrouverait plus tard mêlé à la Seconde (par une forme perverse de récompense), où
il s'arrangerait pour m'éviter de nouveau."
Liesel aimera passionnément son père adoptif : "Hans était un homme de valeur et cela n'échappa pas à Liesel Meminger. (Les enfants humains sont parfois beaucoup plus perspicaces que les adultes). Elle s'en aperçut tout de suite. A ses façons. Au calme qui l'entourait. Ce soir-là, lorsqu'il alluma la lumière dans cette salle d'eau si peu accueillante, Liesel remarqua les yeux étranges de son père nourricier. Un regard d'argent, empreint de bonté. D'argent en train de fondre."
J'ai été sidérée par Rosa Hubermann : personnage frustre et éructant, elle exprime sa tendresse d'une bien curieuse manière. Pourtant, elle nourrira Max le juif sans poser la moindre question, elle l'hébergera comme si cela était la chose la plus naturelle dans l'Allemagne nazie.
La doctrine raciste et violente des fascistes a causé des douleurs irréparables. Pourtant, les sentiments et l'amour de la vie ont réussi à lézarder cette forteresse de haine...
Quelques extraits
"Vous allez me dire que cela n'allait pas mal pour Liesel Meminger. Par rapport à Max Vandenburg, oui. Evidemment, son frère était pratiquement mort dans ses bras. Evidemment, sa mère l'avait abandonnée. Mais il n'y avait rien de pire que d'être juif".
"Aujourd'hui, Max, le ciel est bleu, avec un gros nuage allongé qui ressemble à une corde, et, au bout de cette corde, le soleil fait un trou jaune..."
Max comprit que seule une enfant était capable de lui offrir cette forme de météo. Sur le mur, il peignit un long cordage avec, au bout, un soleil jaune dégoulinant, dans lequel on aurait pu
plonger. Il ajouta deux silhouettes, celle d'une fillette menue et celle d'un juif tout flétri, qui avançaient en direction de ce soleil."