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16 février 2012 4 16 /02 /février /2012 13:00

 Le-chagrin-et-la-grace---Wally-Lamb.jpg

 

Quatrième de couverture

Quand, en avril 1999, l’épouse de Caelum, Maureen, échappe de justesse au massacre de Columbine, le couple se réfugie dans la ferme où il a été élevé, à Three Rivers, dans le Connecticut. C'est là que Caelum découvre des archives familiales : les lettres de son aïeule, militante abolitionniste ; les journaux de son arrière-grand-mère, fondatrice de la prison pour femmes du comté ; des coupures de presse sur ces années 1960 qui l’ont vu grandir aux côtés d'un père alcoolique traumatisé par la guerre de Corée... Pour tenter de comprendre la colère qui l'habite depuis toujours, Caelum va devoir explorer les recoins les plus obscurs de sa mémoire... Une plongée au cœur de l’histoire des Etats-Unis à travers l’épopée flamboyante d’une famille sur cinq générations.

 

Avis d’une lectrice du dimanche

Impossible de lâcher ce roman, les 800 pages se dévorent avec fureur...

Caelum Quik est le narrateur de cette fresque américaine. A 47 ans, il a quelques difficultés à trouver ses marques dans la vie. Professeur de littérature, Caelum Quik travaille dans le même lycée que son épouse. Lorsque ce troisième mariage est à son tour fragilisé, Caelum essaie désespérément de raviver l’amour dans son couple. Mais sa vie bascule brutalement lorsque Maureen, sa femme, se retrouve au milieu d’une fusillade. Même si elle fait partie des survivantes, Maureen n’est plus que l’ombre d’elle-même, elle sombre dans la dépression et la drogue. Pour se reconstruire, le couple se réfugie alors dans le Connecticut, dans la maison familiale de Caelum.

Cette fiction permet à l’auteur de nous entraîner dans l’Amérique d’hier et aujourd’hui. Wally Lamb évoque les catastrophes, naturelles ou pas, qui ont défiguré ce pays ces dernières années : la destruction des tours jumelles du Word Trade Center, le carnage de Colombine, les ouragans, les incendies, la guerre en Irak.

C'est un récit à tiroirs où les actes de bravoure et de militantisme sont attribués aux femmes. Les archives familiales mènent à l’époque de la guerre de sécession, des abolitionnistes. L’auteur décrit également la période où il a fallu lutter pour parvenir à créer la première prison pour femmes. Les journaux intimes de la grand-mère et l'arrière-grand-mère de Caelum nous font parcourir deux siècles d'histoire, de combats pour les droits civiques, l'autonomie des femmes et des minorités.


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10 novembre 2011 4 10 /11 /novembre /2011 17:30

Un-ete-sans-les-hommes---Siri-Hustvedt.jpg

 

Quatrième de couverture

Incapable de supporter plus longtemps la liaison que son mari, Boris, neuroscientifique de renom, entretient avec une femme plus jeune qu’elle, Mia, poétesse de son état, décide de quitter New York pour se réfugier auprès de sa mère qui a, depuis la mort de son mari, pris ses quartiers dans une maison de retraite du Minesota. En même temps que la jubilatoire résilience dont fait preuve le petit groupe de pétillantes veuves octogénaires qui entoure sa mère, Mia va découvrir la confusion des sentiments et les rivalités à l’œuvre chez les sept adolescentes qu’elle a accepté d’initier à la poésie le temps d’un été, tout en nouant une amitié sincère avec Lola, jeune mère délaissée par un mari colérique et instable…

Parcours en forme de « lecture de soi » d’une femme à un tournant de son existence et confrontée aux âges successifs de la vie à travers quelques personnages féminins inoubliables, ce roman aussi solaire que plaisamment subversif dresse le portrait attachant d’une humanité fragile mais se réinventant sans cesse.

 

Avis d’une lectrice du dimanche

Mia, poétesse et enseignante, ne supporte pas la « pause » imposée par son époux dans leur relation de mariage. Boris cède au démon de la cinquantaine et s’amourache d’une femme beaucoup plus jeune. Dire que Mia vit très mal cette rupture est un euphémisme, elle fond tout simplement les plombs ! Un petit séjour dans un hôpital psychiatrique sera nécessaire pour reprendre ses esprits. Convalescente, Mia se réfugie pour un temps dans le Minnesota afin de donner des cours de poésie à sept jeunes filles. Elle s’installe juste à côté de la maison de retraite dans laquelle résident sa mère et son groupe de copines octogénaires. Les blessures vont s’apaiser au contact d’adolescentes mal dans leur peau et de veilles femmes épicuriennes pour qui Carpe Diem est une maxime appliquée au quotidien. Sa propre fille lui assure également un soutien sans faille et sa rencontre avec Lola, jeune mère de famille, met également du baume au cœur.

 Une vision féministe, de beaux portraits sans fard, tout cela délicatement enrobé de références littéraires. Les générations se croisent sur fond de solidarité, rivalités et recherche d’identité.

 

 

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5 novembre 2011 6 05 /11 /novembre /2011 11:30

La couleur des sentiments - Kathryn Stockett

 

Quatrième de couverture

Chez les Blancs de Jackson, Mississippi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s'occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. En quarante ans de service, Aibileen a appris à tenir sa langue. L'insolente Minny, sa meilleure amie, vient tout juste de se faire renvoyer. Si les choses s'enveniment, elle devra chercher du travail dans une autre ville. Peut-être même s'exiler dans un autre Etat, comme Constantine, qu'on n'a plus revue ici depuis que, pour des raisons inavouables, les Phelan l'ont congédiée. Mais Skeeter, la fille des Phelan, n'est pas comme les autres. De retour à Jackson au terme de ses études, elle s'acharne à découvrir pourquoi Constantine, qui l'a élevée avec amour pendant vingt-deux ans, est partie sans même lui laisser un mot. Une jeune bourgeoise blanche et deux bonnes noires. Personne ne croirait à leur amitié ; moins encore la toléreraient. Pourtant, poussées par une sourde envie de changer les choses, malgré la peur, elles vont unir leurs destins, et en grand secret écrire une histoire bouleversante. Passionnant, drôle, émouvant, La Couleur des sentiments a conquis l'Amérique avec ses personnages inoubliables. Vendu à plus de deux millions d'exemplaires, ce premier roman, véritable phénomène culturel outre-Atlantique, est un pur bonheur de lecture.

  

Avis d’une lectrice du dimanche

Coup de cœur !

 

Ce roman plein d’humanité est superbe, les faits décrits dans le récit nous rappellent les dégâts de la ségrégation. L’amitié complètement improbable entre Skeeter, jeune bourgeoise blanche, et Aibileen et Minny, deux bonnes noires, est abordée avec beaucoup de réalisme, de justesse et de tendresse.

 Dans les années 60, tout reste à faire dans le Mississippi pour faire respecter les droits individuels des noirs. Les femmes de couleur obtiennent uniquement des emplois de bonnes et de nounous. Toute la bonne société des femmes blanches et oisives se repose entièrement sur leur savoir-faire, sans offrir en échange la moindre estime ou reconnaissance.

Skeeter vient de terminer ses études et essaie de faire son chemin dans une carrière de journaliste. Comme les femmes sont finalement à peine plus respectées que les noirs, cela s’avère difficile et elle commence par tenir une modeste rubrique de conseils destinés aux ménagères. La jeune fille est parfaitement intégrée socialement mais se sent à l’étroit dans ce moule. Motivé par une éditrice, elle se lance dans l’écriture d’un reportage original, inédit : un recueil de témoignages des bonnes, leurs relations avec les familles blanches du Mississippi.

 Le personnage est vrai, attachant. Plutôt craintive et naïve, Skeeter doit se faire violence pour commencer le livre dont le contenu sera explosif. Elle n’est pas spontanément une femme libérée et militante. Sa personnalité se forge lentement, elle laissera peu à peu tomber ses propres préjugés et oeillères au contact des bonnes.

Le temps que Skeeter passera à apprivoiser Aibileen puis Minny, gagner leur confiance et leur amitié, servira à contenir ses propres peurs.

Aibileen et Minny sont des femmes exceptionnelles ! Elles font preuve d'un courage incroyable. Leur vision de cette société est savoureuse ! Elles ne jugent pas avec haine, elles analysent leurs patronnes sans indulgence mais d'un oeil finalement impartial. Aibileen raconte aussi son attachement pour les enfants dont elle s'occupe et sa tristesse lorsque ces petits êtres affectueux se transforment en jeunes gens intolérants et ingrats.

 Sans jamais tomber dans le sentimentalisme et la caricature, l’auteur montre toute la difficulté des habitants du Mississippi à se libérer de codes sociaux injustes. Dans les années 60, la répression du Ku Klux Klan terrorisait les quartiers populaires et l’appareil judiciaire était complice de toutes les exactions à l’égard de la communauté noire.

L’humour et une jolie écriture accrochent définitivement le lecteur pour suivre avidement ce récit vivant et sincère. L'auteur décrit le quotidien, une hiérarchie sociale pesante mais aussi de belles histoires d’amitié.

 

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7 octobre 2011 5 07 /10 /octobre /2011 06:10

L-or-des-fous---Rob-Schultheis.jpg

Quatrième de couverture

En 1973, Rob Schultheis retire ses maigres économies de la banque et prend la route de l'Ouest au volant de son minibus Volkswagen. Il débarque à Telluride, dans le Colorado. À l'époque, Telluride n'est qu'une petite ville minière coupée du monde, où vivent quelques familles isolées et où rôdent encore loups et grizzlys ; le genre d'endroit où l'on vous passe à tabac si vos cheveux sont trop longs. Trente ans plus tard, elle est devenue une destination de villégiature pour les riches skieurs du monde entier. Le rêve américain s'exprime ici dans toute sa folie, du médecin local qui chasse les ovnis à bord de son Cessna à la magie sinistre des fantômes qui peuplent le désert indien. Avec un style tout aussi indomptable que son sujet, L'Or des fous entraîne le lecteur à travers un voyage inoubliable et lui fait entrevoir le visage changeant et méconnu de l'Ouest américain

 

Avis d’une lectrice du dimanche

 

Un hymne à la vie et à la nature écrit de manière truculente par un personnage hors du commun…

 

Bob Schultheis décrit une contrée de l’Ouest des Etats-Unis : Telluride, une ville dans les Rocheuses. Cette petite bourgade rustre, dans laquelle l’auteur est arrivé en 1973, est devenue une station de ski à la mode.

Le climat est rude, les paysages sont à la fois grandioses, sublimes, désolés et inquiétant. Mais ne vous attendez pas à une description romantique ! Point de nostalgie ici ! Le récit se construit sur le mode factuel, avec quelques traits d’humour parfois acerbe, et un ton militant dès qu’il s’agit du respect humain et de la nature.

Pour se faire une idée du genre de récit que nous propose l’auteur américain, il suffit de savoir que Bob Schultheis est un personnage charismatique, exceptionnel. Grand baroudeur et adepte du chamanisme, il a été correspondant de guerre en Afghanistan pendant une longue période, malgré les menaces de mort du KGB puis des talibans.

L’auteur arrive donc à Telluride au début des années 70, rempli de rêves d’évasion. Au volant de son minibus Volkswagen, il débarque à la conquête de l’ouest ! Cette ancienne colonie de mineurs ne le décevra pas. Les personnalités rencontrées sont râpeuses et coriaces à souhait, l’ambiance ressemble fort à l’époque pourtant révolue de la ruée vers l’or et des cow-boys armés jusqu’aux dents. Les montagnes sont belles et terrifiantes, avec des tempêtes époustouflantes, des avalanches furieuses. L’été y est extrêmement court, mais d’une douceur paradisiaque.

Bob Schultheis s’insurge en contemplant cette nature peu à peu dégradée par des promoteur immobiliers sans scrupule. L’esprit mesquin et étriqué des nouveaux riches essaie d’aseptiser les montagnes pour l’adapter à des touristes urbains.

L’auteur brosse également de succulents portraits de certains autochtones. Les personnalités des gens réellement attirés par les hautes montagnes sont souvent originales, tumultueuses…

 

Quelques extraits     

"Et puis la nature sauvage, toutes les variétés, toutes les espèces. Cette première année, un ami à moi descendait à pied les pistes recouvertes d'herbe de Coonskin, au clair de lune, à la mi-août. A la sortie du virage, il fait un énorme bond de surprise : un GROS puma, un immense mâle de la taille d'une Harley-Davidson, avec des crocs comm des clous de chemin de fer. Le fauve le fixe sans ciller de ses grands yeux phosphorescents, pareils à la lumière qui s'échappe d'un réacteur nucléaire. Cronk, cronk slurp cronk. Ses mâchoires, qui auraient pu briser en deux une batte de base-ball aussi facilement qu'un gressin, fouaillent le tartare de cerf et il avale des pintes de sang encore chaud pour faire descendre le tout."  

"Durant ses dix dernières années, nous avons vu les rapaces et les crétins piller, mettre à sac et profaner nos montagnes sans souci du lendemain. Ils ont asséché d'anciens marais d'altitude pour construire des terrains de golf, abattu au bulldozer des arbres séculaires pour faire place à leurs obscènes maisons de parvenus, fait s'envoler si haut les prix de l'immobilier que les ouvriers et les anciens ont été contraints de partir.
C'est l'envers de la démocratie. Qu'un butor puisse détruire une vallée entière, une ville ou un écosystème, simplement parce qu'il en a le "droit". En Amérique, tout le monde à des droits, mais certains en ont plus que d'autres. Ils ont payé assez cher pour ça, pas vrai ?"

 

Le billet de Keisha m'a incitée à découvrir ce beau livre de nature writing

 

 

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30 mai 2011 1 30 /05 /mai /2011 06:30

 Le-signal---Ron-Carlson.jpg

 

Quatrième de couverture

Pour la dernière fois, Mack et sa femme, Vonnie, partent camper dans les montagnes du Wyoming afin de se dire adieu. Enlisé dans les dettes et l'alcool, Mack a peu à peu contraint Vonnie à renoncer à l'amour profond qui l'avait attirée vers l'Ouest, et la jeune femme a refait sa vie. Cette randonnée est un moment de complicité retrouvée, une ultime chance de se dévoiler l'un à l'autre. Pour Mack, cette expédition est aussi l'occasion d'exécuter une dernière mission pour le compte d'un intermédiaire douteux afin de sauver son ranch de la faillite. Au coeur des vastes étendues sauvages, guidé par un faible signal GPS, il doit retrouver une mystérieuse balise égarée lors d'un survol de la région. Mais cette mission se révélera bien plus périlleuse que prévu. Le Signal est un roman magistral combinant le destin d'un amour qui s'achève avec un suspense qui nous mène au paroxysme de l'angoisse. Un livre palpitant qui se lit d'une traite.

 

Auteur : Ron Carlson est né en 1947, en Utah. Il est l'auteur de plusieurs romans et recueils de nouvelles qui ont reçu de nombreuses distinctions aux États-Unis. Il enseigne la littérature et vit à Huntington Beach, en Californie. Le Signal est son dernier roman.

 

 

Avis d’une lectrice du dimanche

 

Encore un beau livre proposé par les éditions Gallmeister !

 

Nous suivons un couple, Vonnie et Mack, dans ce qui doit être leur dernière randonnée, au coeur des paysages sauvages des parcs du Wyoming. Les descriptions des montagnes, des cours d’eau, des grandes étendues et de la faune sont superbes. Le style de balade qui fait rêver… à condition qu’elle soit moins dangereuse que celle-ci, avec moins de mauvaises rencontres ! Mais je m’égare, je ne vais tout de même pas dévoiler la fin de ce polar ! Oui, c’est bien un polar, atypique car ici vous n’entendez pas le bruit des villes, les sirènes de voitures de police.

 

Les deux personnages principaux sont très attachants même si Mack a parfois des côtés « Calimero » vraiment exaspérants ! Ce cow-boy est tout à fait charmant mais son côté indécis, voire lymphatique, l’entraîne tout le temps vers des solutions faciles dont les issues catastrophiques sont prévisibles. Incarcéré pour acte de vandalisme, Mack semble prendre de fermes résolutions à sa sortie de prison. Ces bons sentiments ne résistent pas à l’attrait de l’argent facile (pour sauver son ranch bien sûr !), il accepte une mission douteuse. Il profitera de la dernière randonnée avec sa femme Vonnie pour essayer de récupérer la balise d’un avion égaré en pleine montagne. Il aimerait bien profiter de cette randonnée pour se réconcilier avec son épouse, mais ce challenge semble encore plus hypothétique ! La fin m’a surprise car les « méchants » sont finalement plus nombreux que prévu !

 

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18 mai 2011 3 18 /05 /mai /2011 07:00

Blonde---Joyce-Carol-Oates.jpg 

 

Quatrième de couverture

Alors, en début de soirée, ce 3 août 1962, vint la Mort, index sur la sonnette du 12305 Fifth Helena Drive. La Mort qui essuyait la sueur de son front avec sa casquette de base-ball.
La Mort qui mastiquait vite, impatiente, un chewing-gum. Pas un bruit à l'intérieur. La Mort ne peut pas le laisser sur le pas de la porte, ce foutu paquet, il lui faut une signature. Elle n'entend que les vibrations ronronnantes de l'air conditionné. Ou bien... est-ce qu'elle entend une radio là ?
La maison est de type espagnol, c'est une "hacienda" de plain-pied ; murs en fausses briques, toiture en tuiles orange luisantes, fenêtres aux stores tirés. On la croirait presque recouverte d'une poussière grise. Compacte et miniature comme une maison de poupée, rien de grandiose pour Brentwood.
La Mort sonna à deux reprises, appuya fort la seconde. Cette fois, on ouvrit la porte.

De la main de la Mort, j'acceptais ce cadeau. Je savais ce que c'était, je crois. Et de la part de qui c'était. En voyant le nom et l'adresse, j'ai ri et j'ai signé sans hésiter. 
                                                                                              J.C.O.

 

Avis d'une lectrice du dimanche

Joyce Carol Oates psychanalyse et revisite d'une manière magistrale un des mythes de l'Amérique : Marylin Monroe.

 

Avec beaucoup d'empathie pour cette blonde, Norma Jeane Baker de son vrai nom, l'auteur nous livre la vie de Marylin en nous mettant en garde dès le début : ce n'est pas une autobiographie exacte mais plutôt une interprétation de sa vie, de l'évolution du personnage.

J'ai comparé avec la biographie "officielle" de Marylin et Joyce Carol Oates respecte néanmoins l'essentiel de l'histoire de cette existence tourmentée.

 Marylin n'était pas la blonde stupide que les medias aiment bien vendre. C'était une femme intelligente, d'un humour décapant mais malmenée par la vie dès sa plus tendre enfance. Sa mère, complètement déséquilibrée, laisse planer des doutes sur l'identité de son père absent et elle ne pourra pas assurer son éducation très longtemps. Norma Jeane passe sa jeunesse dans des foyers jusqu'à son premier mariage. Une terreur la poursuivra toute son existence : devenir aussi folle que sa mère. Cette peur et les carences affectives de son enfance déforment sa personnalité de manière dramatique. Elle restera une femme enfant, hypersensible, d'une timidité maladive, instable, sans aucune estime pour elle-même. L'autre versant de son caractère est une capacité de travail incroyable, l'exigence de la perfection, un talent d'actrice indéniable.

Joyce Carol Oates balaie l'histoire des Etats-Unis pendant la période de la vie de Marilyn. C'est une période très difficile avec la crise de 1929 qui a jeté tant de familles dans la rue, la seconde guerre mondiale, la guerre froide et surtout le maccarthysme qui a défiguré un temps la démocratie américaine. Cette campagne anticommuniste, une chasse aux sorcières orchestrée par le sénateur Mc Carthy, ciblait tout particulièrement les hauts fonctionnaires, les universitaires, les savants et les artistes. Etre accusé de sympathies communistes pouvait coûter très cher, comme en ont fait l'expérience amère certains proches de Marilyn. La délation était encouragée et l'auteur n'hésite pas, par la bouche de ses personnages, à faire un parallèle troublant avec certaines dictatures.

L'auteur s'attaque à tous les mythes américains : la démocratie affaiblie pas la valse de ses hésitations, mais aussi le géant d'Hollywood. Elle décrit un milieu extrêmement dur, tourné vers l'argent, destructeur pour les acteurs. Les dirigeants du cinéma de l'époque sont tous des hommes et exploitent particulièrement leurs actrices, les traitant comme des marchandises, des prostituées.

L'auteur égratigne au passage JFK. Elle met en lumière sa personnalité charismatique et en même temps déterre sa part d'ombre : un homme autoritaire, sans respect pour les femmes, accro de sexe, flirtant dangereusement avec l'interdit, oscillant entre séduction et viol.

Certaines scènes de ce roman sont dures car dégradantes. Les coulisses de Marylin sont tout sauf glamour, ses rencontres avec des producteurs de cinémat et JFK sont violentes, douloureuses, avilissantes.  

L'écriture de Joyce Carol Oates s'adapte idéalement à cette histoire. Le rythme saccadé des phrases et le tourbillon des mots, leur enchaînement inégal, nous plongent dans les soubresauts de cette vie si intense, dans laquelle périodes noires et lumineuses, fébrilité ou apathie se succèdent... 

 

Extrait

Il dit aussitôt au fougueux Président que la blonde sexy présentait des "risques" pour une relation. elle était connue pour...

 "Qui parle d'une relation ? Je parle d'un rendez-vous dans cette cabine là-bas. Deux, si j'ai le temps."
Avec gêne, en baissant la voix, conscient que de nombreux yeux admiratifs les suivaient tandis qu'ils se promenaient au bord de la piscine en fumant leur cigare d'après dîner, le Maquereau informa le Président (comme l'aurait fait le FBI s'il avait été consulté, car ses dossiers sur Marylin Monroe alias Norma Jeane Baker étaient pleins à craquer) que Monroe avait pratiqué une dizaine d'avortements, sniffait de la cocaïne, se shootait à la benzédrine et au phénobarbital, et avait subi cinq ou six lavages d'estomac dans le seul hôpital des Cèdres du Liban. C'était de notoriété publique. Dans tous les tabloïdes. A New-York, elle avait été amenée à l'hôpital de Bellevue les deux bras tailladés et pissant le sang, transportée à l'intérieur sur une civière, complètement nue et en plein délire. Winchell l'avait écrit dans sa chronique. Dans le Maine, un ou deux ans plus tôt, elle avait fait une fausse couche, ou essayé d'avorter toute seule et raté son coup, et une équipe de secours avait dû la repêcher dans l'Atlantique. Et elle fréquentait des rouges connus ou présumés tels.
Vous voyez ? Risqué.

 

Challenges

 

Le defi 1000 

 

oates-challenge

 

 

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23 janvier 2011 7 23 /01 /janvier /2011 00:05

 Sukkwan Island - David Vann

 

Quatrième de couverture

une île sauvage du Sud de l'Alaska, accessible uniquement par bateau ou par hydravion, tout en forêts humides et montagnes escarpées. C'est dans ce décor que Jim décide d'emmener son fils de treize ans pour y vivre dans une cabane isolée, une anne durant. Après une succession d'échecs personnels, il voit là l'occasion de prendre un nouveau départ et de renouer avec ce garçon qu'il connaît si mal.
La rigueur de cette vie et les défaillances du père ne tardent pas à transformer ce séjour en cauchemar, et la situation devient vite incontrôlable. Jusqu'au drame violent et imprévisible qui scellera leur destin.

Sukkwan Island est une histoire au suspense insoutenable. Avec ce roman qui nous entraîne au coeur des ténèbres de l'âme humaine, David Vann s'installe d'emblée parmi les jeunes auteurs américains de tout premier plan.   

 

Avis d'une lectrice du dimanche

Une lecture coup de poing !
(à déconseiller aux lecteurs déprimés... )

Dès le début du roman, il est évident que le père de Roy est incapable de s'occuper de son fils ! La personnalité de ce père, instable et trop occupé à se regarder le nombril pour pouvoir aimer qui que ce soit, est ébauchée très rapidement.

Dans cette île isolée, les conditions de survie très dures ainsi que l'égoïsme incommensurable du père ont très vite raison de la résistance du jeune garçon. Ce qui devait être un séjour initiatique d'un père et son fils au contact de la nature, prend des allures de cauchemard. Roy essaie de gérer le quotidien aussi bien que possible et de survivre, jusqu'au drame. Et quel drame ! L'imminence de la tragédie est pressentie dès le début, mais certainement pas cette catastrophe brutale !  

La description de la vie en pleine nature passe largement en arrière plan par rapport à la partie psychologique du récit.

J'ai râlé et pesté contre certains personnages durant toute ma lecture...
mais je dois avouer avoir quand même aimé ce roman !

 

D'autres avis :

De nombreux lecteurs ont lu ce livre !
Voici un petit florilège d'avis :

Keisha, Stephie, Ys, Mango, Cuné, Papillon, Leiloona, Sylire, Theoma, Choco, Clara, ...

 

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21 janvier 2011 5 21 /01 /janvier /2011 00:05

vu-d-ici---Brian-Keith-Jackson.jpg 

Quatrième de couverture

Lisa n'est pas encore née. Pourtant, cette petite fille à venir, blottie dans le ventre de sa mère Anna, est la narratrice de ce roman. Cette vision inattendue du monde nous immerge dans la vie d'une famille noire du Mississippi, un Sud profondément rural où les anciennes habitudes de l'esclavagisme laissent aujourd'hui encore des traces.

Ici, la vie est rude. J.T. le mari d'Anna, ne veut pas de nouvel enfant dans une famille qui comporte déjà cinq garçons. Il décide de donner ce bébé, dès qu'il naîtra, à sa soeur et à son beau-frère. Eux-mêmes n'ont jamais pu devenir parents.

Anna tient bon, partagée entre la résignation, l'espoir et l'amour, grâce aux souvenirs des moments passés avec Ida Mae, son amie de toujours, à présent si loin d'elle...

Un roman au style d'une grande vivacité, où se mêlent joie et tristesse. 

 

Avis d'une lectrice du dimanche

Coup de coeur !  

Les épreuves inhérentes à une vie dure, laborieuse et ingrate n'ont pas réussi à aigrir le coeur de Anna. Même si ses illusions se sont peu à peu évanouies, Anna conserve une âme de jeune fille romantique, pleine d'espérance. Ses rêves et sa douceur apparaissent comme une richesse inépuisable.

Anna se heurte au racisme dans le sud de l'Amérique, au caractère ténébreux de son époux et à la misère. Pourtant, son amour infini pour ses cinq garçons illumine le quotidien. Sa douce voix berce déjà la petite Liza dans la chaleur de son ventre, sa fille tant rêvée et désirée. Avec patience et obstination, elle creuse un sillon pour faire accepter à son mari l'existence de ce nouveau bébé.

Lorsque les difficultés de son existence deviennent trop pesantes, Anna se ressource dans la correspondance avec son amie Ida Mae, véritable feu follet, libre, lumineuse...

L'espoir s'impose finalement dans ce récit sombre.
Magnifique !

Extrait

La lune était pleine cette nuit de Halloween. Quand maman a accompagné les garçons sur la galerie pour les regarder partir, la lune était là, dans toute sa gloire, et elle brillait sur maman dans sa nouvelle robe. Ses cheveux tombaient sur ses épaules, et elle dit qu'ils luisaient dans la nuit. Avec un bout de tissu de la robe, elle avait fait un ruban pour ses cheveux, mais elle avait fini par se l'attacher autour du cou. Ca lui donnait l'air d'une princesse, selon elle. Maman m'a dit qu'elle a regardé la lune penchée sur les champs, et là, à côté d'elle, il y avait une étoile, la première de la nuit - l'étoile des voeux.
"Quand les garçons sont sortis dans la cour, j'ai regardé cette grosse lune. On dit qu'elle est en fromage, mais je sais qu'elle est faite de rêves, a dit maman, en prenant les oeufs dans le poulailler, et racontant l'histoire comme si elle était arrivée la veille. Et je l'ai vue. L'étoile des voeux. Elle venait d'apparaître quand j'ai levé les yeux, comme si elle attendait que je sorte avant de venir en visite. Et j'ai souri et fermé les yeux. J'ai fait un voeu. Tu sais ce que j'ai souhaité, 'tite Lisa ? J'ai souhaité de t'avoir. J'avais beau savoir que ton papa était contre, je l'ai quand même fait. Et quand j'ai ouvert les yeux, l'étoile m'a fait un clin d'oeil. J'en suis presque sûre. Comme si elle me disait d'ouvrir les yeux, et de voir mon rêve se réaliser."

Les billets de Keisha  et de Clara m'ont donné envie de lire ce roman... 

 

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15 janvier 2011 6 15 /01 /janvier /2011 10:00

Cette-vie-ou-une-auter---Dan-Chaon.jpg   

Quatrième de couverture

"J’attendais depuis longtemps un roman comme celui-là, et je suis très heureux que ce soit Dan Chaon qui l’ait écrit. Il croit dans le pouvoir d'une histoire et il a foi en son lecteur."

Jonathan Franzen

Lucy a quitté le lycée et sa famille pour suivre un professeur charismatique qui n’est peut-être pas celui qu’elle croyait, Miles recherche son frère jumeau disparu depuis dix ans et qui a sans doute causé la mort de leurs parents, le jeune Ryan est bouleversé d’apprendre la véritable identité de son père : trois personnages totalement étrangers les uns aux autres, et dont les destins viennent s’entremêler de manière vertigineuse. Comme dans un jeu de pistes, Dan Chaon, finaliste du National Book Award, l’auteur de Parmi les disparus, établit des correspondances subtiles entre ces trajectoires, transformant peu à peu son récit en un véritable suspense psychologique, à la croisée des univers de David Lynch et de Don DeLillo. Une démonstration de virtuosité et d’audace littéraires sur l’érosion de l’identité dans un monde de plus en plus virtuel.

 

Avis d’une lectrice du dimanche

Un livre sur la fragilité de l’identité, le sens de la vie et surtout sur la manipulation !

Les écheveaux de la vie de trois personnages se déroulent, s’enchevêtrent, et retiennent le lecteur dans leur toile. Miles consacre sa vie à rechercher son frère jumeau, Hayden, pour l’arracher à sa schizophrénie tandis que Ryan découvre une existence chaotique avec Jay, son père retrouvé depuis peu. Lucy, jeune fille orpheline et fragile, suit jusqu’au bout du monde Georges Orson, son ancien prof d’histoire.

 

Le lien étroit qui unit, parfois à leur insu, certains des personnages se dévoile peu à peu. Autant le dire, la fin m’a suffoquée !

 

Ce roman est captivant grâce à la densité psychologique des personnages, vraiment fascinants, même si quelques longueurs auraient pu être évitées car l’intrigue se construit vraiment très lentement.

J’ai été perturbée par l’absence de chronologie dans ce récit polyphonique. Tous les subterfuges sont utilisés pour manipuler les héros les plus faibles du roman… et le lecteur par la même occasion !

 

Un grand merci à Carol, des  éditions Albin Michel
Logo Albin Michel copie 

D'autres avis :

Ys, L'accro des livres, ...

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27 décembre 2010 1 27 /12 /décembre /2010 11:00

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Quatrième de couverture

Le garde commença à parler de bois à brûler. Je hochais la tête sans arrêt, comme si j'avais abattu des forêts entières avant de le rencontrer.
- Il te faudra sans doute sept cordes de bois, m'expliqua-t-il. Fais attention à ça. Tu dois t'en constituer toute une réserve avant que la neige n'immobilise ton camion.
Je ne voulais pas poser cette question, mais comme cela semblait important je me lançai :
- Heu... C'est quoi, une corde de bois ?
Ainsi débute le long hiver que Pete Fromm s'apprête à vivre seul au cœur des montagnes Rocheuses, et dont il nous livre ici un témoignage drôle et sincère, véritable hymne aux grands espaces sauvages. Indian Creek est un captivant récit d'aventures et d'apprentissage, un Walden des temps modernes. Ce classique contemporain a établi Pete Fromm comme une des grandes voix de l'Ouest.

 

Avis d'une lectrice du dimanche

Mille fois merci, Keisha, pour ce livre voyageur !

Pete Fromm nous fait partager sa première expérience de vie sauvage. Alors âgé seulement d'une vingtaine d'années, il s'engage sur un coup de tête pour un travail bien particulier : surveiller des millions d'oeufs de saumons déposés dans une rivière au coeur des Rocheuses. Sa mission est de faire en sorte que ces fragiles embryons ne soient pas étouffés par la glace. Il passera donc plusieurs mois dans les montages en plein hiver, avec pour toute compagnie un chiot fragile. Son installation est très rustique car son employeur lui a installé uniquement une tente et un poêle à bois. Il va devoir couper son bois, supporter le froid, chasser (pas trop quand même pour ne pas être accusé de braconnage), gérer et conserver ses provisions de nourriture. Une partie non négligeable de son temps sera également consacrée à réparer ses erreurs de citadin parachuté brutalement en milieu hostile...

En récompense à tous ses efforts, Pete Fromm profite d'interminables promenades dans un site exceptionnel et préservé.

Notre aventurier en herbe découvre avec un mélange d'angoisse et de bonheur la rude vie en pleine nature, les visites sont rares, il apprivoise peu à peu la solitude.

Ce beau récit, lucide et souvent plein d'humour, 
nous plonge dans les grands espaces américains
et donne envie de s'évader en pleine nature.

Depuis cette lecture, je rêve de découvrir ce magnifique patrimoine naturel, mais dans des conditions  moins extrêmes que celles décrites par Pete Fromm !

  

D'autres avis

Keisha, les lectures de Folfaerie, Hélène, Choco, Cathulu...

 

Pour rêver un peu, quelques photos de Indian Creek, piochées sur internet :

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