Quatrième de couverture
« Un vrai chef-d'oeuvre. Une merveille. J'espère que tous les lecteurs du monde, les vrais, liront Purge. » Nancy Huston
En 1992, l’Union soviétique s’effondre et la population estonienne fête le départ des Russes. Mais la vieille Aliide, elle, redoute les pillages et vit terrée dans sa maison, au fin fond des campagnes.
Ainsi, quand elle trouve Zara dans son jardin, qui semble en grande détresse, elle hésite à lui ouvrir sa porte. Mais finalement ces deux femmes vont faire connaissance, et un lourd secret de famille se révélera, en lien avec le temps de l’occupation soviétique. Aliide a en effet aimé un homme, Hans, un résistant. Quarante ans plus tard, c'est au tour de Zara de venir chercher protection, et la vieille dame va décider de la lui accorder jusqu’au bout, quel qu’en soit le prix.
Avis d'une lectrice du dimanche
Un livre choc, dérangeant, à lire absolument !
Ce roman, impossible à oublier, ne peut en aucun cas laisser indifférent
Prix Femina étranger 2010
Sofi Oksanen nous plonge dans l’histoire de l’Estonie de 1940 jusqu’aux années 90 à travers la vie des femmes d’une même famille. La violence régnant dans ce pays sépare d’abord deux sœurs, Aliide et Ingel, puis réunit les destins d’Aliide et sa petite-nièce, des années plus tard. Cette nation a été meurtrie par l’occupation de l’armée russe, à laquelle se sont succédés les allemands nazis puis de nouveau les russes communistes jusqu’à la chute de l’URSS. Les plaies actuelles amenées par la mafia russe font énormément de ravages.
L’auteur offre des analyses intéressantes en passant en revue toutes les catastrophes politiques, sociales et naturelles survenues pendant 50 ans. Des estoniens ont par exemple accueillis naïvement à bras ouverts les nazis, les libérateurs du joug des russes. Hélas, ils ont vite réalisé que cette solution ne leur offrait qu’une dictature encore plus dure et sauvage.
Chaque fois, ce sont les femmes qui sont humiliées et subissent les pires cruautés. Aliide et Zara, avec deux générations d’écart, évoquent les mêmes viols, des tortures similaires, la même honte de leur corps et un dégoût identique des hommes. De telles persécutions modifient les personnalités et la frontière entre le statut de victime et celui de bourreau devient parfois dangereusement mince.
J'ai aimé :
- L'immersion magistrale dans l'histoire de l'Estonie
- L'intrigue : les révélations s'enchaînent, toutes plus insolites et terribles les unes que les autres. J'ai été tenue en haleine jusqu'aux dernières pages !
- L'écriture de l'auteur, très belle, avec un style différent pour chacun des personnages importants.
- La construction du livre, avec des allers-retours entre le présent et le passé, les jeux de miroirs créés par les points de vue des différents protagonistes.
Deux bémols :
- Sofi Oksanen explore tous les sévices sexuels dont peuvent être victimes les femmes. Certes, son intention est de bouleverser les consciences avec des scènes coup de poing. Mais cela sombre
parfois dans la surenchère de l'horreur. C'est le piège dans lequel tombe certains reportages en filmant des rivières de sang. J'ai saturé en lisant certains passages...
. - Quel épilogue étrange ! La fin du roman est claire. Par contre, j'ai eu un problème de compréhension dans l'annexe, la cinquième partie, consacrée aux notes récupérées par Aliide dans les affaires de Hans, son beau-frère. Cela jette la confusion sur le rôle exact de certains personnages.