Quatrième de couverture
Lui, c'est Rudi. Il n'a pas trente ans. Elle, c'est Dallas. Bien malin qui pourrait dire pourquoi tout le monde l'appelle comme ça. Même elle a
oublié son nom de baptême... Rudi et Dallas travaillent à la Kos, une usine de fibre plastique. Le jour où l'usine ferme, c'est leur vie qui vole en éclats, alors que tout s'embrase autour d'eux.
A travers l'épopée d'une cinquantaine de personnages, Les Vivants et les Morts est le roman d'amour d'un jeune couple emporté dans le torrent de l'histoire contemporaine. Entre passion et
insurrection, les tourments, la révolte, les secrets de Rudi et Dallas sont aussi ceux d'une ville où la lutte pour la survie dresse les uns contre les autres, ravage les familles, brise les
règles intimes, sociales, politiques. Dans ce monde où la raison financière l'emporte sur le souci des hommes, qui doit mourir ? Qui peut vivre ?
Avis d’une lectrice du dimanche
Un beau roman, à lire absolument !
Gérard Mordillat fait revivre l’esprit de Zola : il parle des ouvriers, leur quotidien, les difficultés pour
vivre correctement avec des salaires bas, les licenciements.
Pas de moralisation ni de sensiblerie, juste de l'observation
Ce style de roman réaliste n’est plus tellement à la mode de nos jours car medias et politiques répètent à l’envie que la lutte
des classes a disparu dans nos démocraties ! Du coup, à quoi bon parler de ce qui n'existe pas ?
L’histoire est simple, classique, et se répète hélas chaque année dans les usines qui fonctionnent encore dans les pays occidentaux.
Un plan social est annoncé aux salariés : des licenciements ! Une réduction des salaires et la suppression des avantages sociaux sont le prix à payer pour ceux qui échappent à la
"charrette". Le chantage de la fermeture définitive de l’entreprise fait accepter les pires mesures aux plus récalcitrants.
Le scenario mis en place par quelques financiers sans scrupule est bien rodé, planifié de manière cynique. Après le plan social, les ouvriers
s’investissent avec acharnement pour sauver leur outil de travail, les politiques offrent des subventions pour que l’usine continue à fonctionner. Les promesses faites aux collectivités
locales et aux salariés sont oubliées dans les un ou deux ans qui suivent, les usines sont discrètement vidées de leurs richesses, pour finalement être délocalisées.
Dans Les vivants et les morts, les ouvriers de la Kos, une usine de fibre plastique, se fédèrent pour lutter contre la fermeture du site. La délocalisation, c'est la mort du village. Aucune
alternative ne sera proposée à ces nouveaux chômeur. Alors que certains essaient de sauver leur emploi avec de la négociation, et à coup de trahisons, d'autres se battent jusqu'au bout, le
désespoir les amène vers des actes violents, irrémédiables.
Le ton est réaliste, les individus ne sont pas idéalisés. Toute la complexité de la nature humaine est bien dépeinte par Gérard
Mordillat.
Et les très méchants me direz-vous, comment l’auteur les décrit-il ? Et bien ils sont tout simplement invisibles ! Grâce à la
mondialisation, les financiers qui ont droit de vie ou de mort sur les usines se dissimulent, souvent confortablement installés dans d’autres pays. Des directeurs, sur place, gèrent les plans
sociaux catastrophiques. Ils aiment souvent leur entreprise et respectent leurs salariés mais ils sont impuissants, assujettis aux ordres de rentiers qui ne se salissent jamais
directement les mains.
Un "détail" négligemment glissé dans ce roman :
Les investisseurs reprennent des sites industriels rarement pour accroître leur cheptel d'usines et d'ouvriers. L'objectif est
d'acquérir des procédés industriels, des brevets. Une fois qu'ils ont en poche les précieux savoir-faire et sésames, ils jettent sans ménagement les humains qui ont permis l'émergence de ces
compétences.