Quatrième de couverture
Nous sommes en Mayenne, une maison à l'orée d'un village. Tout est silencieux, les volets fermés et la porte close. Nuit et jour pourtant, sept amis en franchissent le seuil. Les uns après
les autre, chacun son tour et chacun sa tâche. S'accomplit ainsi le serment de sept âmes vives à deux âmes sombres : la parole donnée pour retarder le deuil. Voici l'histoire d'un mystère et
d'une fraternité.
Une promesse a obtenu le prix Médicis en 2006.
Avis d'une lectrice du dimanche
J'ai aimé cette fable sur l'amour éternel, le souvenir qui maintient les disparus en vie dans nos coeurs, et surtout la fraternité de quelques amis, le respect de la parole donnée...
Je n'ai pas cherché de crédibilité dans ce récit car un conte n'est jamais objectif.
Je me suis juste laissée bercée par la chaleur et la douceur de l'écriture de Sorj Chalandon.
Un style intimiste, sobre, plein de métaphores.
Dans la société paysanne de la Mayenne, Etienne et Fauvette se sont aimés toute leur vie. Leur douceur a enveloppé depuis l’enfance Bosco, le frère d’Etienne, mais aussi Paradis, Léo, Madeleine, Ivan, Blancheterre et même l’Andouille, pauvre hère amoché par la vie. Les sept amis promettent de sauver Etienne et Fauvette des griffes de l’Ankou, la grande faucheuse, le plus longtemps possible. Ils tiendront dix mois.
Ce n’est pas un déni du deuil mais plutôt une manière de choyer le souvenir des gens qu’on a aimé. La vraie mort n’est-elle pas l’oubli de ceux qui sont partis ?
Quelques extraits
"Ils s'asseyaient par terre et Etienne ouvrait pour eux le secret de ses pages. Il lisait. Il lisait doucement pour capturer leur attention, puis leurs yeux, puis leur silence. Il lisait dix pages, jamais plus. Il lisait en mettant le ton. Il chaloupait l'océan, il soufflait le vent, il ricanait le chacal, il croassait le corbeau. Lorsqu'un coup de feu éclatait, ils sursautaient à la force du bruit. Etienne marchait. Il lisait en parcourant la pièce. Il tournait le dos, il revenait, il appuyait certains mots et tremblait certains autres. Il regardait un à un ces enfants de la terre, il les aimait, il en était. Pour eux, il tournait chaque page comme on ouvre un rideau et quand il était temps, lorsqu'il était soir, ou qu'il allait pleuvoir, ou qu'il fallait rentrer, il murmurait un mot, un dernier, comme une voix qui s'éteint d'avoir été brûlante."
"Il a raconté l'histoire d'une dame âgée et de son vieil homme, qui avaient hérité de cette lampe, il y a bien longtemps dans un autre pays. Ils savaient que lorsqu'ils mourraient, l'un, ou l'autre, ou les deux, ils vivraient encore un jour et une nuit s'ils offraient leur âme à sa lumière. Même partis brutalement, même surpris par l'Ankou, même tirés de la vie du fond de leur sommeil, il leur resterait toutes ces heures pour réfléchir encore et s'aimer un peu plus."
"Leurs regards se sont croisés là, au-dessus du champ de coquelicots passés. Il a regardé sa Fauvette, elle a regardé son vieil homme. Ni l'un ni l'autre n'ont pu tendre la main. Ils se sont pris des yeux, longtemps, sans ciller, sans rien voir que le pâle de l'autre, tellement, qu'une larme s'est faufilée et chez elle et chez lui. Une larme qui a coulé sur leurs deux peaux en ne faisant plus qu'une."
D'autres avis :
Choupynette, Laurence (Livroblog), Karine :), A lire au pays des merveilles, Liyah, La liseuse, ...
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