Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 septembre 2009 4 24 /09 /septembre /2009 07:29

Quatrième de couverture

Elle était là, immobile sur son lit, la petite phrase bien connue, trop connue : Je t’aime. Trois mots maigres et pâles, si pâles. Les sept lettres ressortaient à peine sur la blancheur des draps. Il me sembla qu’elle nous parlait :

- Je suis un peu fatiguée. Il paraît que j’ai trop travaillé. Il faut que je me repose.

- Allons, allons, Je t’aime, lui répondit Monsieur Henri, je te connais. Depuis le temps que tu existes. Tu es solide. Quelques jours de repos et tu seras sur pied.

Monsieur Henri était aussi bouleversé que moi.

Tout le monde dit et répète « Je t’aime ». Il faut faire attention aux mots. Ne pas les répéter à tout bout de champ. Ni les employer à tort et à travers, les uns pour les autres, en racontant des mensonges. Autrement, les mots s’usent. Et parfois, il est trop tard pour les sauver.

 

Avis d’une lectrice du dimanche

C’est une lecture légère, agréable, pleine de gaieté !

Ce livre n’a pas la prétention de proposer une thèse philosophique sur le langage. Eric Orsenna a écrit une digression sur les mots grâce à ce conte enfantin.

Deux enfants sont victimes d’un naufrage et échouent sur l’île des mots. Le traumatisme de la tempête leur a fait perdre l’usage des mots. Monsieur Henri, leur hôte sur l’île, va les guider dans le monde des lettres pour leur faire recouvrer la mémoire du langage.

Le récit est facétieux, drôle et complètement fantaisiste : la visite du « magasin du vocabulaire de l’amour (tarifs réduits pour les ruptures) », le "village des mots (interdit aux choses et aux êtres humains)"… Les relations des habitants de ce charmant village sont complexes, avec les amitiés et alliances entre les articles, les mots et les adjectifs, l’orgueil des pronoms, les adverbes invariables qui ne s’accordent avec personne et ne supportent que les aventures éphémères…

Une critique de l’éducation apparaît derrière ce récit loufoque. Orsenna affirme qu’un apprentissage trop rigoureux et rigide de la grammaire et de la littérature décourage les enfants et dénature la beauté du langage.

Extrait :

« Je suis restée deux semaines dans la Sècherie. Comment appeler autrement notre institut pédagogique ?

Le matin, on nous apprenait à découper la langue française en morceaux. Et l’après-midi, on nous apprenait à dessécher ces morceaux découpés le matin, à leur retirer tout le sang, tout le suc, les muscles et la chair.

Le soir, il ne restait plus d’elle que des lambeaux racornis, de vieux filets de poisson calcinés dont même les oiseaux ne voulaient pas tant ils étaient plats, durs et noirâtres.

Alors, Madame Jargonos était satisfaite. Elle trinquait avec ses adjoints.

- Je suis fière de vous. Notre travail avance comme il faut. Demain, nous disséquerons Racine, et après-demain Molière…

Pauvre langue française ! Comment la faire évader de ce traquenard ? »

 

Partager cet article
Repost0
9 septembre 2009 3 09 /09 /septembre /2009 12:48

Quatrième de couverture :
Dans une Antiquité imaginaire, le vieux Tsongor, roi de Massaba, souverain d’un empire immense, s’apprête à marier sa fille. Mais au jour des fiançailles, un deuxième prétendant surgit. La guerre éclate : c’est Troie assiégée, c’est Thèbes livrée à la haine. Le monarque s’éteint; son plus jeune fils s’en va parcourir le continent pour édifier sept tombeaux à l’image de ce que fut le vénéré – et aussi le haïssable – roi Tsongor.
Roman des origines, récit épique et initiatique, le livre de Laurent Gaudé déploie dans une langue enivrante les étendards de la bravoure, la flamboyante beauté des héros, mais aussi l’insidieuse révélation, en eux, de la défaite. Car en chacun doit s’accomplir, de quelque manière, l’apprentissage de la honte.

Avis d'une lectrice du dimanche :


La Mort du roi Tsongor est un récit digne des tragédies classiques.


Dans une Afrique antique et imaginaire, Le royaume du roi Tsongor est né dans la guerre, les massacres et la haine. Le monarque tout puissant va payer le lourd tribu de cette violence à la veille de sa mort, à l’apogée de sa gloire. Alors qu’il a promis sa fille à Kouame, prince des terres de sel, un deuxième prétendant, Sango Kerim, vient réclamer Samilia, au nom de vieilles promesses d’enfant. Rien ne pourra plus arrêter la guerre, des combats fratricides qui engloutiront presque toute une civilisation.

 

Les thèmes traditionnels des drames grecs sont présents dans ce récit : la démesure et l'orgueil de l'être humain, sa bêtise aussi. Une guerre monstrueuse pour un motif futile : la possession d'une femme. Une femme d’ailleurs uniquement traitée comme un objet de convoitise.

 

J’ai aimé ce roman pour sa construction et sa qualité narrative. Laurent Gaudé a vraiment le ton des grands conteurs.
Toutefois, le livre que j’ai préféré chez cet auteur est Le soleil des Scorta, moins rigide, plus chaleureux et plus optimiste aussi…


Partager cet article
Repost0
7 septembre 2009 1 07 /09 /septembre /2009 12:32

Quatrième de couverture

Sous le soleil écrasant du Sud italien, le sang des Scorta transmet, de père en fils, l'orgueil indomptable, la démence et la rage de vivre de ceux qui, seuls, défient un destin retors. Prs l'auteur de La Mort du roi Tsongor (prix Goncourt des lycéens 2002, prix des Libraires 2003).

Un homme avance sur sa mule dans un paysage pétrifié de chaleur, sous l'implacable soleil des Pouilles, en direction du minuscule village de Montepuccio, où il vient assouvir, au risque d'y perdre la vie, son désir et sa vengeance. Ses fautes de jeunesse - vols, violences, crimes de toutes sortes -, il les a payées de dix-sept ans de prison. Désormais libre, il entend bien, de gré ou de force, faire sienne une femme que dans sa jeunesse il convoitait.
De cette vengeance - on pourrait même dire : de cette scène primitive - va surgir la lignée des Scorta, une famille de "pouilleux" marqués par l'opprobre et la faute originelle, mais qui peu à peu, sur quatre générations, parvient à subsister, à planter ses racines dans un sol fruste, à saisir sa chance, transmettre ses valeurs et s'accorder aux beautés de sa terre natale
L'histoire de la famille Scorta se déroule sur un siècle (1870 à nos jours). Elle prend le double aspect d'un récit "objectif" et linéaire eue viennent scander les soliloques d'un des personnages, Carmela, vieillarde qui, avant de perdre la mémoire, se hâte de confier à l'ancien curé de Montepuccio ce qu'elle n'a pu encore raconter à personne : son voyage à New York avec ses frères, la création du bureau de tabac de Montepuccio, et plus largement sa vision subjective de l'aventure des Scorta.
Car ce roman puissamment sudiste et solaire n'est nullement, au sens où on l'entend couramment, une "saga familiale". Marqué par la force de la parole, par la sincérité des personnages, par l'humilité et l'obstination des gens simples, par la recherche et la connaissance des joies élémentaires, le nouveau livre de Laurent Gaudé entrelace les destins comme les voix d'un hymne étincelant d'humanisme.

 

 

Avis d’une lectrice du dimanche


Quelle belle fresque familiale !


La terre de la région des Pouilles a modelé à son image quelques générations d’êtres rudes, sauvages, gorgés de soleil et parfois écrasés par l’aridité du sud de l’Italie.

La lignée des Scorta est née dans la violence et la misère dans un petit village Montepuccio. Luciano Mascalzone et surtout son fils Rocco Scorta-Mascalzone sèment terreur et désolation sur leur passage. Avant sa mort, Rocco souhaite lever la malédiction qui pèse sur la lignée des Scorta en offrant à l’église sa fortune faite de rapines. Il laisse sa femme et ses enfants dans le dénuement matériel mais avec la chance d’écrire leur destin. La mère, usée par la rudesse de la vie, s’éteint rapidement.

Les trois enfants, Domenico, Giuseppe et Carmela, vont agrandir leur fratrie en y intégrant leur meilleur ami, Raffaele. Ils font un pacte : être solidaires et transmettre à leurs descendants leur plus grande richesse, c’est à dire leur histoire, leurs connaissances et expériences. Leur défi sera bien sûr de mettre leurs enfants à l’abri du besoin mais surtout de leur dresser une sorte de bilan à la fin de leur vie : qu’ont-ils appris ? Quels sont les plus grands moments de bonheurs qui ont fait le sel de leur existence ?

« Promettez-moi que chacun d’entre vous racontera une chose à mes enfants. Une chose qu’il a apprise. Un souvenir. Un savoir. Faisons cela entre nous. D’oncles à neveux. De tantes à nièces. Un secret que vous avez gardé pour vous et que vous ne direz à personne d’autre. Sans quoi nos enfants resteront des Montepucciens comme les autres. Ignorants du monde. Ne connaissant que le silence et la chaleur du soleil. »

 

Les personnages sont superbes, très attachants. Leur faible niveau culture dû à la pauvreté est largement compensé par le fait qu’ils essaient en permanence de trouver ce qui donne un sens à notre vie.

 

Les descriptions des paysages et des traditions du sud de l’Italie sont également un vrai bonheur :

   

« La chaleur du soleil semblait fendre la terre. Pas un souffle de vent ne faisait frémir les oliviers. Tout était immobile. Le parfum des collines s’était évanoui. La pierre gémissait de chaleur. Le mois d’août pesait sur le massif du Gargano avec l’assurance d’un seigneur. »

 

« C’est de l’or, disait l’oncle. Ceux qui disent que nous sommes pauvres n’ont jamais mangé un bout de pain baigné de l’huile de chez nous. C’est comme de croquer dans les collines d’ici. Ca sent la pierre et le soleil. Elle scintille. Elle est belle, épaisse, onctueuse. L’huile d’olive, c’est le sang de notre terre. Et ceux qui nous traitent de culs-terreux n’ont qu’à regarder le sang qui coule en nous. »

Partager cet article
Repost0
2 septembre 2009 3 02 /09 /septembre /2009 21:17


Quatrième de couverture
Ce qu'ils mettent au dos des romans, je vais vous dire, c'est à se demander si c'est vraiment écrit pour vous donner l'envie. En tout cas, c'est sûr, c'est pas fait pour les gens comme moi. Que des mots à coucher dehors - inéluctable, quête fertile, admirable concision, roman polyphonique... - et pas un seul bouquin où je trouve écrit simplement : c'est une histoire qui parle d'aventures ou d'amour - ou d'Indiens. Et point barre, c'est tout.

Avis d’une lectrice du dimanche
Un de mes coups de cœur !
A 45 ans, Germain Chazes est considéré comme un gars gentil mais imbécile. Il n’a eu aucune carte pour démarrer correctement dans la vie. Il représente uniquement un accident malencontreux pour sa mère, femme acariâtre et hostile. Dans une petite école à classe unique, il a dû supporter le même maître durant toute sa scolarité en primaire. De brimades en humiliations, Germain a très vite souhaité abréger son séjour dans l’éducation nationale. Son statut d’idiot sera entériné à l’armée : analphabète… Sa vie est terne, entre quelques heures de boulot par ci par là, beaucoup de temps passé au bistrot avec ses copains de comptoir… L’amitié aussi improbable que pudique avec Margueritte, petite bonne femme de 84 ans, va changer sa vie. Pour la première fois, Germain ne se heurte pas à un jugement méprisant, et partage avec Margueritte sa passion, le comptage des pigeons dans les parcs… Elle, de son côté, va lui offrir un présent inestimable : l’amour des livres.
La découverte du sens des mots, la maîtrise du langage et par la même occasion la maîtrise de sa pensée, le ramèneront vers une existence digne et humaine.

Le récit m’a ravie grâce son ton léger où l’humour est toujours présent. Le narrateur est Germain lui-même, avec son langage cru, son esprit malgré tout très logique, ce qui nous vaut des expressions et diverses réflexions savoureuses !

Petite Fleur m’a fait découvrir ce livre grâce à un avis également très enthousiaste !

Partager cet article
Repost0
21 juillet 2009 2 21 /07 /juillet /2009 13:04


Quatrième de couverture :
Je meurs voilà ce qu'elle m'écrit Vincent je meurs viens me voir viens me revoir une dernière fois que je te voie que je te touche que je t'entende viens me revoir Vincent je meurs. Et au bas de la feuille, en tout petit, presque illisible, son prénom, Geneviève, tracé lui aussi au crayon à papier, comme le reste de la lettre, de la même écriture tremblante, défaillante, si ce n'avait pas été ces mots-là on aurait pu croire à l'écriture d'un enfant, on aurait pu sourire, froisser la feuille, la jeter à la poubelle et l'oublier ; mais non, ce n'est pas un enfant, c'est Geneviève qui meurt. L. T.

Avis d'une lectrice du dimanche :
Un livre poignant, touchant. Le thème est difficile : la perte d'un enfant.
Ce récit est écrit avec une telle justesse et tellement d'humanité que je l'ai lu d'une traite, souffle coupé et larmes aux yeux.
Vincent et Geneviève, un couple amoureux, voient leur bonheur brutalement anéanti par la perte d'un enfant. Leur amour reste intact mais ils ne se supportent plus car tout leur rappelle leur fille. Pour survivre, ils vont se séparer et tenter de reconstruire une existence tolérable, chacun à leur manière. Vincent et Geneviève se rapprocheront au crépuscule de leur vie pour faire enfin le deuil de Clara.
Laurence Tardieu a trouvé les notes justes, un ton sobre et sans pathos pour évoquer la douleur la plus indicible. Elle trace patiemment le cheminement qui conduira à l'apaisement...
Partager cet article
Repost0
23 juin 2009 2 23 /06 /juin /2009 17:40


Quatrième de couverture :

"Jusqu’à ce jour, je n’ai jamais parlé de mes deux garçons. Pourquoi ? J’avais honte ? Peur qu’on me plaigne ? Tout cela un peu mélangé. Je crois, surtout, que c’était pour échapper à la question terrible : « Qu’est-ce qu’ils font ? » Aujourd’hui que le temps presse, que la fin du monde est proche et que je suis de plus en plus biodégradable, j’ai décidé de leur écrire un livre. Pour qu’on ne les oublie pas, qu’il ne reste pas d’eux seulement une photo sur une carte d’invalidité. Peut-être pour dire mes remords. Je n’ai pas été un très bon père. Souvent, je ne les supportais pas. Avec eux, il fallait une patience d’ange, et je ne suis pas un ange. Quand on parle des enfants handicapés, on prend un air de circonstance, comme quand on parle d’une catastrophe. Pour une fois, je voudrais essayer de parler d’eux avec le sourire. Ils m’ont fait rire avec leurs bêtises, et pas toujours involontairement. Grâce à eux, j’ai eu des avantages sur les parents d’enfants normaux. Je n’ai pas eu de soucis avec leurs études ni leur orientation professionnelle. Nous n’avons pas eu à hésiter entre filière scientifique et filière littéraire. Pas eu à nous inquiéter de savoir ce qu’ils feraient plus tard, on a su rapidement que ce serait : rien. Et surtout, pendant de nombreuses années, j’ai bénéficié d’une vignette automobile gratuite. Grâce à eux, j’ai pu rouler dans des grosses voitures américaines."

 

Avis d’une lectrice du dimanche

Un livre magnifique

Jean-Louis Fournier nous livre, avec une infinie pudeur, quelques bribes de l’existence de ses deux garçons lourdement handicapés. Avec un humour semblable à celui de Pierre Desproges dont il fut l’ami, il lance ce témoignage, une lettre d’amour à ses enfants qui ne la liront jamais, afin « qu’on ne les oublie pas, qu’il ne reste pas d’eux seulement une photo sur une carte d’invalidité ».

Il décrit sa difficulté à ajuster son rôle de père face à tous les bonheurs de la vie que ces enfants ne connaîtront jamais, face au regard des autres aussi car la bêtise, elle, est bien la norme…

C’est un hommage à tous les mômes frappés par la malchance et du coup prisonniers d’une vie absurde.

Durant la lecture de cet ouvrage, j’ai oscillé entre l’envie d’éclater de rire et celle d’éclater en sanglots…

Partager cet article
Repost0
17 juin 2009 3 17 /06 /juin /2009 21:28

Quatrième de couverture

L'écume des jours
Un titre léger et lumineux qui annonce une histoire d'amour drôle ou grinçante, tendre ou grave, fascinante et inoubliable, composée par un écrivain de vingt-six ans. C'est un conte de l'époque du jazz et de la science-fiction, à la fois comique et poignant, heureux et tragique, féerique et déchirant. Dans cette oeuvre d'une modernité insolente, livre culte depuis plus de cinquante ans, Duke Ellington croise le dessin animé, Sartre devient une marionnette burlesque, la mort prend la forme d'un nénuphar, le cauchemar va jusqu'au bout du désespoir.
Mais seules deux choses demeurent éternelles et triomphantes : le bonheur ineffable de l'amour absolu et la musique des Noirs américains...


Avis d’une lectrice du dimanche

Les personnages principaux sont trois couples, Chloé et Colin, Chick et Alise, Nicolas et Isis. Leur vie est faite de loisirs et de plaisirs. Mais on ne reste pas éternellement des adolescents et peu à peu la vie leur assène ses vérités. Le couple de Chick et Alise est menacé par l’adulation malsaine de Chick pour Jean-Saul Patre.

Le couple de Chloé et Colin est idéal, Chloé est l’incarnation de la beauté et la féminité. Pourtant, la perspective de la mort va s’inviter dans leur union magique. Un nénuphar pousse dans le poumon de Chloé et son univers se rétrécit peu à peu pour devenir étouffant…

J’ai beaucoup aimé cet univers onirique, décalé et absurde.

C’est également une magnifique histoire d’amour, une ode à la jeunesse, la joie de vivre.

L’écriture est une musique poétique, rythmée de métaphores, allégories, jeux de mots et néologismes extravagants.

Boris Vian a une vision très tranchée de la vie car la vieillesse est uniquement assimilée à la désillusion et la mort. Il se livre en même temps à des critiques très diverses sur le monde du travail, la religion, le culte de la personnalité, la superficialité de la société.

 

Partager cet article
Repost0
17 juin 2009 3 17 /06 /juin /2009 21:18

Avis d’une lectrice du dimanche :

Ames sensibles s’abstenir !
C’est sans aucun doute le livre le plus dur que j’ai lu de Boris Vian.

Ce roman est terrible, je l’ai détesté et j’ai terminé cette lecture avec la nausée…

J’irai cracher sur vos tombes a été publié pour la première fois en 1946, sous le pseudo de Vernon Sullivan, dont Boris Vian se présentait comme le traducteur. Peu après sa parution, considéré comme pornographique et immoral, ce livre fut interdit et son auteur condamné pour outrage aux bonnes moeurs

Ce récit cru et violent met en lumière une époque de haine raciale aux Etats-Unis pendant la première moitié du XXème siècle. Boris Vian décrit les relations difficiles des Noirs Américains avec les blancs.

Lee Anderson s’installe à Buckton, petite ville du sud des Etats-Unis Il a fuit sa ville natale après le meurtre de son frère. Ce dernier, dont le seul crime fut d’avoir été amoureux d’une blanche, a été battu et pendu. Lee Anderson a la peau presque blanche car il a un père noir et une mère blanche. Son apparence va lui permettre de mettre à exécution sa vengeance. Pour cela, Lee s’intègre dans la société blanche en devenant libraire et cache soigneusement ses origines. Aveuglé par la colère et la haine, il décide de tuer deux jeunes bourgeoises blanches après les avoir séduites, humiliées et torturées.


Partager cet article
Repost0
29 mai 2009 5 29 /05 /mai /2009 21:31

 

Quatrième de couverture
"J'avais pourtant pris mes précautions. J'avais discuté avec ma mère quant à sa venue en Bretagne. "Maman, j'ai rencontré une fille, c'est une ancienne call-girl, elle boit, elle fume des pétards, elle est mariée à un drôle de type et elle n'a plus un sou, qu'en penses-tu?". J'avais oublié sa réponse et j'avais dit oui à Coralie.". Une histoire d'amour improbable, poétique, intense.


Avis d’une lectrice du dimanche

Un poète bohème et sans le sou (la définition classique d’un poète direz-vous) tombe éperdument amoureux de Coralie, jeune femme au passé sombre et à la personnalité trempée dans l’acier. Bien souvent les histoires d’amour finissent mal, c’est bien connu. Celle-ci ne fait pas exception à la règle.

Coralie sera la muse du poète le temps d’un souffle éphémère, entre alcool, rencontres littéraires et bagarres. Une relation intense, décalée, entraîne ce couple improbable dans des courses-poursuites entre la Bretagne et la Belgique. Ce sont deux novices qui se brûlent les ailes…

Yvon Le Men nous livre ce récit avec un mélange de passion, d’humour et un soupçon de dérision. Il ne sombre jamais dans le mélodrame.

J’aimé ce livre, avec sa présentation originale : de nombreux poèmes nous sont offerts au fil des pages, souvent en début de chapitre. Le style bref et incisif d’Yvon Le Men fait émerger images et poésie à chaque étape de cette relation amoureuse.

 

Quelques extraits :

 

Tu t’es levée
des couleurs dans les yeux
des couleurs d’avant-guerre
quand les fleurs tournaient autour des femmes
et les hommes autour d’elles

tu as souri
au souvenir de l’homme
qui a trouvé les mots
dans vos gestes

tu t’es vêtue
du songe taillé dans les lumières
qui débordent aux fenêtres

dans les ombres qui glissent sur la peau

tu t’es lovée
dans le verbe et le rêve
du même nom
du même ton que le ciel

qui vous sépare
du drap qui vous unit

tu es partie
t’offrir la robe de cendrillon
qui ne s’éteindra plus

après minuit.

 

"La préface n’avait pas empêché Jean Guéhenno de se pencher sur mes poèmes avec bienveillance et de me proposer de les échanger avec ses souvenirs. Il parlait un français que seuls certains étrangers pratiquent. Il parlait comme un livre, un livre d’avant-guerre. On voyait ses imparfaits du subjonctif venir de loin et amorcer leur virage avec une souplesse et une précision incroyables. Aucun temps ne se perdait en route. Je tentai de le suivre et me plantai entre le conditionnel et le futur antérieur. Je n’avais jamais entendu une langue aussi belle. Ni aussi décalée."

Partager cet article
Repost0
21 mai 2009 4 21 /05 /mai /2009 15:05


Quatrième de couverture

Paris, 1980.
Alors qu'il "accompagne" sa belle-fille dans sa lutte contre un cancer, le narrateur se souvient de Stéphane, son ami de jeunesse. Au début de la guerre, cet homme l'a initié à l'escalade et au dépassement de la peur, avant d'entrer dans la Résistance puis, capturé par un officier nazi - le colonel Shadow -, de mourir dans des circonstances jamais vraiment élucidées. Mais Shadow, à la fin de la guerre, s'est fait connaître du narrateur.
Son intangible présence demeure en lui, elle laisse affleurer les instants ultimes, la mort courageuse - héroïque, peut-être - de Stéphane. Et la réalité contemporaine (l'hôpital, les soignés et les soignants, les visites, l'anxiété des proches, les minuscules désastres de la vie ordinaire, tout ce que représentent les quotidiens trajets sur le boulevard périphérique) reçoit de ce passé un écho d'incertitude et pourtant d'espérance...
L'ombre portée de la mort en soi, telle est sans doute l'énigme dont Henry Bauchau interroge les manifestations conscientes et inconscientes, dans ce captivant roman qui semble défier les lois de la pesanteur littéraire et affirmer, jusqu'à sa plus ultime mise à nu, l'amour de la vie mystérieusement éveillée à sa condition mortelle.

Né en 1913, en Belgique, Henry Bauchau est poète, dramaturge, romancier et psychanalyste. Son oeuvre, essentiellement publiée par Actes Sud, est aujourd'hui traduite dans toute l'Europe, aux Etats-Unis, en Chine et au Japon.

 

Avis d’une lectrice du dimanche

Un véritable coup de cœur !

Certes le thème central de la mort est lugubre. Mais Henry Bauchau a su extraire de cette idée la quintessence même de la vie, sa beauté, son caractère unique.

Tous les jours, le narrateur va à l’hôpital. Tous les jours, il prend sa voiture, le bus, le métro ou le RER, et il se rend au chevet de sa belle-fille. Paule est en train de perdre son combat contre le cancer, se met en paix avec elle-même et s’éloigne peu à peu. Henry Bauchau et Paule suivent tous deux un parcours initiatique en « lâchant prise » : Paule contemple sa destinée mystique et définitive, et lui ré-explore des zones oubliées de son passé.

Il nous parle de l’époque cruelle de la guerre, avec la résistance, la révolte héroïque de simples villageoises face aux SS, le lien inexplicable que s’installe parfois entre bourreaux et victimes. Mais surtout, il évoque Stéphane, figure centrale et charismatique de ce roman. Stéphane, personnalité lumineuse et généreuse, est mort pendant la guerre, dans des circonstances mystérieuses. A la libération, le narrateur se lance sur les traces de son ami pour comprendre son parcours et sa fin tragique. Stéphane a été une des figures de proue de la résistance, en toute discrétion et simplicité, comme à son habitude. C’est un être aérien, léger et insaisissable.

Le narrateur se remémore son initiation à l’escalade par son ami et l’ivresse des voies de montagne, de falaise. J’ai été pendant longtemps une fervente adepte de cette discipline et j’ai retrouvé dans ce récit les sensations aériennes et exceptionnelles que l’on éprouve en sinuant sur le rochant, en recherchant l’équilibre, le geste idéal.

Malgré la tristesse inhérente à la mort, ce roman réserve de vrais moments de lumière, et même de bonheur.

 

Partager cet article
Repost0