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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 13:30

La-mort-d-Ivan-Ilitch---Leon-Tolstoi.jpg 

Quatrième de couverture

Cette traduction, signée par un maître en la matière, Boris de Schloezer (1881-1969), est l'un des textes les plus caractéristiques du grand écrivain russe, un récit mondialement connu et qui rencontre toujours un immense succès, avec La sonate à Kreutzer, qu'il écrivit la même année (1889).

L'oeuvre de Tolstoï nous confronte comme toujours directement aux questions essentielles qui inquiètent l'âme humaine : ici, la prise de conscience de soi devant la mort imminente.Le héros est un fonctionnaire, magistrat, satisfait de lui et de sa vie ordinaire. Jusqu'au jour où la maladie, à travers des souffrance qui le conduisent inéluctablement à la mort, lui ouvre les yeux et le place face à lui-même, son égoïsme et sa petitesse. C'est lorsqu'il sombre dans le désespoir que le héros, de petit, devient grand, transfiguré et réconcilié avec lui-même par le sentiment d'un pardon mystique. Signe que la mort est toute proche, mais en vérité la mort n'existe pas car la peur a disparu... Serait-ce cela la rédemption ?...

 

Avis d'une lectrice du dimanche

Très beau roman !

Tolstoï évoque un thème universel : notre face à face avec la mort. Après longuement exposé un tableau pessimiste et terrifiant, l’auteur offre finalement une pépite d’espoir. Nos peurs pourraient finalement être vaincues, la mort n’incarnerait plus la finitude désespérante de l’être humain mais plutôt l’événement qui nous fait grandir.

Ivan Illitch gravit les échelons de la hiérarchie sociale grâce à ses études certes mais également par des petites combines, des connivences mesquines. Il organise soigneusement une vie bourgeoise bien réglée : il devient juge, se marie, aménage dans un bel appartement et tisse des liens sociaux rassurants. Ce portrait met le lecteur mal à l’aise car le personnage paraît détestable au premier abord. Et pourtant, aucune malhonnêteté fondamentale n’est portée à son crédit, juste un peu d’hypocrisie, une insatisfaction permanente, une futilité incommensurable. Finalement, même si le trait est forcé à dessein, c’est malgré tout la petite vie tranquille du commun des mortels que Tolstoï décrit.

Cette existence bien réglée bascule lorsqu’Ivan Illitch se voit atteint d’une maladie incurable, douloureuse, qui le conduira rapidement à la mort. Toutes ses certitudes s’effondrent car la solitude l’accable. Ses amis se détournent, et sa famille assiste, impuissante, à son agonie. La vie continue sans lui et Ivan Illitch réalise soudain l’inutilité et l’absurdité de tout son quotidien. Ces terribles découvertes amplifient sa terreur, ses souffrances physiques et morales. La description de son agonie est froide, sans fioriture.

Son seul soulagement vient par surprise, de la part de Guérassime, un jeune domestique. Le jeune paysan est resté proche du cycle naturel de la vie et de la mort. Il lui semble naturel d’apporter soins et réconfort aux êtres qui sont au soir de leur existence. Cette empathie fait avancer d’un grand pas notre juge en lui faisant prendre conscience de l’importance de la solidarité.

Et finalement le salut, tel que le conçoit Tolstoï, viendra quelques instants avant la fin : « Il chercha son ancienne peur et ne la trouva plus. Où était-elle ? Quelle mort ? Il n’y avait pas de peur parce qu’il n’y avait pas de mort ».
Avec cette phrase un peu énigmatique, Tolstoï n’affirme pas une croyance pour une vie après la mort. Mais il a le sentiment que l’homme parvient à un état de conscience qui lui fait toucher du doigt le sens de la vie. On assiste à une réconciliation d’Ivan Illitch avec ses proches et avec lui-même. L’amour désintéressé est là, toute sa rancune disparaît et sa peur s’efface. La vie offre à Ivan Illitch un cadeau ultime : la sérénité.

 

 

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5 mars 2012 1 05 /03 /mars /2012 00:05

 

Les-oranges-du-Maroc---Vassili-Axionov.jpg 

Quatrième de couverture

Un bateau chargé d'oranges-accoste dans un port des îles Kouriles, au sud du Kamtchatka, en Extrême-Orient soviétique. Cela se passe dans les années 1960 et, à deux cents kilomètres à la ronde, chacun abandonne ses occupations et se précipite. Cinq personnages se racontent et font le récit de leur course au trésor.

Ce roman culte, introuvable en France depuis trop longtemps, brosse avec chaleur le portrait de jeunes gens mécontents de la vie mais avides de liberté et d'air pur dans ce qui s'appelait alors l'URSS.

 

Avis d'une lectrice du dimanche

Je ne sais que dire de ce livre, qualifié de roman culte...

Dans les années 60, l'arrivage d'un bateau chargé d'oranges dans le port d'une petite ville soviétique suffit à mettre en émoi la population à 200 kilomètres à la ronde. Les habitants se pressent pour récupérer  les 4 kg de fruits auxquels ils ont droit. Cinq personnages, Victor Kalyga, Nicolas Kaltchanov, Herman Kovalev, Lucia Kravtchenko, La Racine, racontent cette course et en même temps dévoilent une partie de leur vie, leurs amours, leurs espoirs.

Il n'y a pas de suspense, pas de psychologie, pas d'intensité dramatique, pas d'analyse politique ou sociologique. Seulement l'effervescence de quelques ouvriers enchantés à l'idée d'une occasion festive, l'énergie de la jeunesse.

La vie collective semble pesante pour ces travailleurs dont les spécialités sont essentiellement la pêche et la recherche de pétrole. Quelques projets se dessinent vaguement chez certains d'entre eux, mais l'impression dominante est surtout la vie dans l'instant présent, saisir au vol quelques instants de bonheur.

Je comptais me plonger ensuite dans Une saga moscovite, mais ce petit roman m'a finalement dissuadée de lire la grande fresque de Vassili Axionov...

 

 

 

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28 janvier 2012 6 28 /01 /janvier /2012 00:10

Conte du Tsar Saltan, de son fils le glorieux et puissant preux Saltanovitch et de la belle princesse-cygne

Conte-de-Pouchkine.jpg

 

Quatrième de couverture :
Trois soeurs filent un soir près de la fenêtre et discutent. Chacune à son tour énonce ce qu'elle serait capable d'accomplir si elle devenait tsarine. C'est alors que le tsar fait son apparition et s'adresse à la troisième qui avait fait le voeu de lui donner un fils en pleine santé. Il lui donne l'ordre d'honorer sa promesse et prend ses deux soeurs comme servantes. Conte en vers.

 

Avis d'une lectrice du dimanche

L'histoire est plutôt classique : Un Tsar choisit une jeune épouse mais doit la délaisser très rapidement pour partir mener quelque guerre lointaine. Les deux soeurs de la jeune Tsarine ainsi qu'une obscure marieuse sont d'une jalousie maladive et profitent de l'absence du Tsar pour essayer de se débarrasser de l'épouse et de son enfant...

Je suis en général émerveillée devant la beauté des poèmes de Pouchkine.
Toutefois, même si ce conte est entièrement écrit en vers, j'ai été plus sensible à l'ironie du verbe tant le propos est direct, pragmatique... Voire même cavalier ! Les rebondissement de l'intrigue sont extravagants et burlesques à souhait ! En fait, j'ai trouvé ça très drôle, succulent,  j'ai bien ri avec cette lecture...

Je ne résiste pas au plaisir de vous livrer un extrait :

 

"Bonsoir, jolie jouvencelle -
Déclare-t-il
Sois Tsarine
Et enfante-moi un gaillard

Pour fin septembre au plus tard.
Quant à vous, soeurs-damoiselles,

Allons, quittez ce boudoir
Et hâtez-vous à ma suite,
A ma suite et à la traîne
de votre soeur.
L'une de vous sera tisseuse

Et la seconde cuisineuse.
          ********

Le Tsar paraît dans l'entrée -
Tous de courir au palais.
Et sans autre préliminaire
En solennelles épousailles
Le soir-même, sans tarder,
notre Tsar de convoler.
Voici donc le Tsar Saltan
Flanqué de sa jeune épouse,
Qui préside un grand banquet.
Puis convives et dignitaires
Etendirent les épousés
Sur une couche d'ivoir doré
Et là, laissèrent en paix.
A l'office la cuisineuse
Bisque et rage ;
A son métier la tisseuse
Se lamente en enviant
L'épouse du grand Tsar Saltan.
Quant à la jeune Tsarine,
Sans attendre une heure de plus,
Dès la première nuit conçut.

          ********

 


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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 13:30

Le roman de Saint Pétersbourg - Vladimir FedorovskiQuatrième de couverture 

À l'occasion du tricentenaire de Saint-Pétersbourg, Vladimir Fédorovski met en scène les grands moments de l'histoire sentimentale de cette ville insolite créée par la seule volonté de Pierre le Grand au bord de la Neva. Pierre Ier et son impératrice paysanne, Catherine II et son vigoureux compagnon le prince Potemkine, Alexandre Ier et son égérie occulte, mais aussi les grands artistes et hommes de lettres russes et occidentaux (Pouchkine, Dostoïevski, les poètes du siècle d'Argent, le Chevalier d'Éon, le marquis de Custine, Balzac) sont les personnages de ce roman vrai qui nous convie à une promenade romantique dans la Venise du Nord. Une traversée étonnante dans le temps et l'espace, dans les palais étincelants de Saint-Pétersbourg d'hier et les rues sinueuses de Leningrad, sur les traces des hommes et des femmes qui y ont connu le coup de foudre. Cet ouvrage s'appuie sur des archives tirées des fonds confidentiels récemment rendus accessibles en Russie et sur des témoignages inédits. Des pages marquées par le mystère, l'évasion, l'aventure et le défi.

 

Avis d'une lectrice du dimanche

Je formule une mise en garde concernant ce beau livre :
lorsque vous le refermerez, vous brûlerez du désir de voyager à Saint Pétersbourg, et cette envie ne vous quittera peut-être plus !

 

Vladimir Fédorovski nous entraîne dans une balade romantique au coeur de Saint Pétersbourg, dans l'âme de cette ville au passé prestigieux. Les fantômes égoïstes et cruels des tsars puis des  bolcheviks sont perceptibles dans les murs des monuments. Saint-Pétersbourg a vécu plusieurs siècles de soubresauts politiques, d'alliances diverses avec les Européens et d'une importante attirance pour la France.

 

L'auteur évoque la naissance de ce haut lieu de la Russie, sa construction et son évolution.

 "La plupart des immeubles furent élevés sur pilotis. Pour assécher les marécages, on creusa des canaux qui partaient du fleuve et y retournaient. Quarante mille ouvriers furent employés de force à cette tâche surhumaine. L'encombrement des travailleurs était tel, qu'ils manquaient de logement et de nourriture. Les moins robustes mouraient, faute de soins. D'autres arrivaient par convois, des confins de l'Europe."

 

Il dresse le portrait des grandes personnalités politiques qui ont favorisé l'essor de Saint-Pétersbourg, l'ont conduite vers la lumière et parfois l'ont cruellement malmenée. Saint-Pétersbourg est prisée par la noblesse bien sûr, mais également adorée par de grands auteurs russes, de nombreux courants littéraires et intellectuels ont vu le jour dans cette cité.

 

Vladimir Fédorovski a le don de faire revivre des noms mythiques !
Il passe en revue Pierre 1er, fondateur de Saint-Pétersbourg, et puis Catherine, son épouse paysanne à qui la vie n'a pas toujours souri.

"Tirant un carnet de sa poche, Pierre nota tout ce qu'il voyait. L'Amirauté organisa, en son honneur, une bataille navale, près de l'île de Wight. Heureux comme un enfant, me tsar voulut charger lui-même les canons du vaisseau sur lequel il se trouvait. Lorsque l'amiral commandant la flotte vint lui dire qu'il pouvait faire ce qu'il voulait, Pierre lui sauta au cou et l'embrassa si fort qu'il lui cassa deux côtes ! L'amiral dut s'aliter et n'oublia jamais l'étreinte de "l'Ours russe". Pierre, lui, n'oublia jamais la puissance de la flotte britannique."

 

L'auteur s'étend longuement sur la personnalité incroyable de Catherine II et son amour fou pour Grigori Potemkine. Ce couple renforça l'aura de la Russie en général et de Saint-Pétersbourg en particulier. Fédorovski nous parle aussi  d'Alexandre 1er, vainqueur de Napoléon...

 

Ses descriptions les plus passionnées sont celles des grands écrivains qui ont hanté la petite Venise du nord : Alexandre Pouchkine, Fédor Dostoïevski, Ivan Tourgueniev... Fin du XIX et début du XXième, une génération prestigieuse d'esprits brillants illuminèrent la ville.

"Cette époque incertaine donna une pléiade de grands écrivains et d'artistes : Nina Berberova, Mérejkovski, Zénaïda Hippius, Blok, anna Akhmatova, Benois, Chagall, Chaliapine, Meyerhold, Diaghilev... Ces figures mythiques de Saint-Pétersbourg furent les fleurons de cette ère brillante (1895-1915) baptisée par le philosophe Berdiaev "âge d'argent". Ces poètes et écrivains partageaient les mêmes thèmes : le sentiment d ela crise et l'attente mystique."

 

Cet essai n'est pas un guide touristique, ni un manuel d'histoire et encore moins un catalogue littéraire. Fédorovski pose des repères, des pépites, pour nous donner envie de découvrir à la fois cette ville et les grands artistes russes...

 

 

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22 novembre 2010 1 22 /11 /novembre /2010 21:00

Le-joueur---Dostoievski-copie-1.jpg 

Quatrième de couverture

Paulina éclata de rire :

- Vous m'avez dit l'autre jour, sur le Schlangenberg, que vous êtiez prêt, sur un mot de moi, à vous jeter en bas, la tête la première et nous étions bien à mille pieds de haut. Je dirai ce mot un jour, uniquement pour voir si vous vous exécutez et soyez certain que je montrerai du caractère. Je vous hais justement parce que je vous ai permis tellement de choses, et je vous hais encore plus parce que vous m'êtes si nécessaire.

 

Avis d'une lectrice du dimanche

Roman déconcertant mais intéressant...

Alexei Ivanovitch est le précepteur des enfants d’un général à la retraite. Il suit cette famille pour s'établir à Roulettembourg consacrée au jeu, (cité inventée avec ironie par Dostoïevski). Le jeune homme tombe éperduement amoureux de Pauline, la belle-fille du général. Cette dernière, orgueilleuse, méprisante et instable dans ses sentiments, lui préfère un français, Des Grieux.


Alexeï Ivanovitch perd tous ses repères au sein de cette famille oisive. Il sombre dans la passion du jeu, qui deviendra rapidement une addiction et le fera passer dans les différentes sphères de la société, des plus hautes aux plus méprisables.

 

Un personnage excentrique donne du rythme à ce roman ! Le général, ainsi que les courtisans qui gravitent autour de lui, attendent avec impatience le décès de la « Baboulinka » afin de faire main basse sur son héritage. La petite grand-mère déjoue tous leurs pronostics et débarque en pleine forme à Roulettenbourg, avec la ferme intention de ne pas donner un centime aux rapaces de son entourage. La baboulinka, autoritaire et agressive, illustre également l’hystérie du jeu car son intelligence s’évapore dès qu’elle essaie pour la première fois le jeu de la roulette. Elle ne sortira de cet enfer qu’après avoir perdu une grande partie de sa fortune.


Alexei Ivanovitch ne trouve aucune issue pour fuir le jeu. Le héros de ce roman est peu sympathique, sans consistance réelle. Il est une marionnette manipulée par des femmes sans scrupule et sans aucune volonté pour se défaire de son vice.

Alexei est excessif autant dans ses amours, ses vices et ses jugements sur ses pairs !

"Savez-vous qu'un jour je vous tuerai ? Non par jalousie, ni parce que j'aurai cessé de vous aimer ; non, je vous tuerai simplement parce qu'il y a des jours où j'ai envie de vous dévorer. Vous riez..."

 "Des Grieux était comme tous les Français, c'est à dire affable et gai quand il fallait et que cela lui était utile et insupportablement ennuyeux quand la nécessité d'être affable et gai avait disparu. Le Français est rarement aimable de premier jet ; on dirait toujours qu'il est aimable par ordre, par calcul. Si, par exemple, il voit la nécessité d'être, à l'encontre de l'ordinaire, fantaisiste, original, la fantaisie la plus absurde et la plus artificielle revêt chez lui des formes admises d'avance et depuis longtemps ramenées au rang des banalités. A l'état naturel, le Français ressort au positivisme le plus bourgeois, le plus mesquin, le plus plat. C'est, somme toute, l'être le plus ennuyeux qui soit au monde. Selon moi, seuls les novices et surtout les jeunes filles russes peuvent tomber sous le charme des Français."

  "Elle est petite, très forte, avec un menton épais et rentré qui se confond avec ses joues. Elle a un visage rouge, des petits yeux méchants et effrontés. Sa démarche est pleine de condescendance. Le baron est sec, de haute taille. Son visage de travers est creusé d'une multitude de petites rides ; comme d'habitude en Allemagne, il porte des lunettes ; il a 45 ans. Ses jambes partent presque de sa poitrine : signe de race. Il est vaniteux comme un paon. Un peu lourd.  Quelque chose de moutonnier dans l'expression lui tient lieu de profondeur."  

Ce roman est plus ou moins autobiographique car Dostoïevski a lui aussi été repoussé par une femme et a sombré longtemps dans le jeu. Il a mis des années pour se défaire de cette passion destructrice. Il est lucide sur cette dépendance et a même tendance à inclure une large partie de ses compatriotes dans ce goût immodéré de la roulette :

"A mon avis, tous les Russes sont ainsi, ou enclins à être ainsi. Si ce n'était pas la roulette, ce serait quelque chose d'approchant. Les exceptions sont trop rares. Vous n'êtes pas le premier à méconnaître le travail (je ne parle pas de votre peuple). La roulette est un jeu russe par excellence. Jusqu'à présent, vous avez été honnête et vous avez préféré vous faire laquais que voler... mais je tremble en pensant à ce qui peut vous arriver dans l'avenir." 

 

Challenges

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8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 00:07

Le-roman-de-Tolstoi---Vladimir-Fedorovski.jpg

 

Quatrième de couverture

Léon Tolstoï nous a quittés il y a cent ans, et plus que jamais il demeure dans notre mémoire. Vladimir Fédorovski présente ici un véritable roman de la vie du géant de la littérature russe : celui d'un homme en avance sur son temps, tiraillé entre les plaisirs de la chair et ses aspirations spirituelles. A partir des archives et de témoignages rares, dont certains inédits, l'auteur a mené une minutieuse enquête, bousculant les idées reçues et dévoilant des secrets à demi enfouis. Des débauches tsiganes de sa jeunesse à sa romance avec une cosaque du Caucase, de sa passion fougueuse pour une humble paysanne aux aléas de sa vie conjugale avec la volcanique Sophia Andreïevna, l'existence de Tolstoï fut dominée par une quête inlassable de l'amour, en une complète et déchirante contradiction avec ses élans mystiques. À la lumière de son Journal, surgit l'image inattendue d'un écrivain érotique par excellence. Guerre des sens, paix de l'âme : voici Tolstoï au coeur d'un dilemme moderne, au sein duquel sa sensualité débridée et sa soif de transcendance se livraient un lumineux, harassant et fécond combat.

 

Avis d'une lectrice du dimanche 

Coup de coeur !  

Vladimir Fédovovski nous livre une biographie grandiose de Tolstoï, à la mesure de ce géant de la littérature.
J'ai eu le souffle coupé en lisant ce récit digne d'une fiction
tant la vie de l'écrivain a été intense, incroyablement riche.

L'édition de ce livre est très belle, avec de nombreuses photos de Tolstoï, sa famille, et les paysages russes qui ont marqué son existence

Les familles de Léon Tolstoï et son épouse Sophie Andreïevna font partie l'histoire de la Russie. Leurs ancêtres et même parents proches peuvent se vanter de faits d'armes et d'une implication politique importante :

"Aussi bien par son père que par sa mère, Tolstoï appartenait aux grandes familles qui ont marqué l'histoire du pays. Un de ses aïeux, Pierre Tolstoï, fut l'homme de confiance et le chef de la police secrète de Pierre le Grand, qui lui conféra le titre de Comte. La famille de sa mère -Les Volkonski-, encore plus ancienne, est entrée dans les annales.  Sous Catherine II, le grand-père maternel de Léon, le prince Nicolas Volkonski, fut général d'infanterie puis ambassadeur de toutes les Russies à Berlin."

Tolstoï est l'homme des contracdictions. Issu d'une famille noble, il bénéficie de revenus élevé et a toujours évolué dans la haute société. Néanmoins, il luttera toujours pour se détacher des biens matériels. Il prône plus de démocratie et de justice, tout en restant malgré tout attaché au régime du Tsar. Il a peu à peu élaboré une doctrine bien particulière et ses écrits lui ont parfois valu quelques problèmes avec les autorités :

"Critique du matérialisme et de l'individualisme du monde moderne, il prônait les vertus simples de la vie rurale, principale source de la civilisation russe. Plongeant par toutes ses racines dans l'histoire de son pays, il fut en quleque sorte l'émanation de sa classe et le héros de son temps, aussi bien par ses goûts que par son style de vie et de pensée. Cet aristocrate appartenait bien plus au XVIII qu'au XIXe siècle. Son penchant pour l'utopie, sa haine de la civilisation, sa passion pour la vie champêtre et son aspiration à la paix de l'âme portée à l'infini s'apparentaient étroitement à l'esprit de Rousseau, de Voltaire et de Diderot. Son génie exacerbé le poussait à critiquer et à vouloir saper toutes les institutions religieuses et sociales."

L'aspect le plus particulier et peut-être un peu moins connu de Tolstoï est visiblement son amour immodéré pour les femmes, son addiction pour le sexe. La liste de ses conquêtes est assez incroyable ! A la liste très longue des défauts de Tolstoï, s'ajoute un caractère colérique, tourmenté et instable.

 Son épouse a dû remettre en question toutes les bases de sa bonne éduction de jeune fille noble afin de pouvoir mater cet être insatiable, irrascible et démesuré ! 

"Dompté par sa femme, le lion rugissait par intervalles. Alors, il cassait tout, se vengeant sur la vaisselle ou sur un thermomètre... Il faut ajouter que l'énorme travail effectué depuis quatre ans avait aussi abîmé sa santé, et peut-être détérioré son système nerveux : il souffrait de migraines, se plaignait de douleurs au foie."

Vladimir Fédorovski livre ici tous les événements qui ont inspiré la littérature de Tolstoï. Il retrace l'évolution psychologique et intellectuelle qui ont amené les plus grands romans de l'écrivain russe.

Fédovorovski nous plonge également au coeur de la Russie, explore la vie tant des classes aisées que celle des masses laborieuses. D'ailleurs, le quotidien des époux célèbres, pourtant sous les feux de la notoriété, n'était pas facile pour autant :

"Si Tolstoï se sentait amer, sa femme, elle aussi, tenait sa vie pour dure et austère. Gérer la maison et le domaine, copier les manuscrits de son mari, tailler ses blouses, l'entourer de soins, coudre, soigner, bercer, allaiter, mettre au monde chaque année "un petit Tolstoï" ! Elle aurait tant voulu "être comme tout le monde", sortir, s'amuser, porter de belles robes... En 1877, à l'époque d'Anna Karénine, elle n'avait que trente-trois ans !
Cependant l'avisée Sophie savait très bien quel grand homme était son mari. Aussi supportait-elle vaillamment son existence laborieuse, pourvu que Tolstoï se consacrât à sa véritable vocation : la création artistique."

 

Challenge

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29 juillet 2010 4 29 /07 /juillet /2010 14:30

J-ai-tue---Mikhail-Boulgakov.jpg 

Quatrième de couverture
"Le docteur Iachvine se tourna brusquement vers moi, et je remarquai que son regard se faisait soudain pesant :
(...) - J'ai tué, précisa-t-il.
- Quand cela ? Repris-je de façon saugrenue.
Iachvine indiqua le chiffre "2" et répondit :
- Pensez un peu, quelle coïncidence. Dès que vous avez commencé à parler de la mort, j'ai regardé le calendrier, et j'ai vu que nous étions le 2. Du reste, chaque année cette nuit-là me revient en mémoire. Voyez-vous, il y a de cela sept ans nuit pour nuit, et même... Iachvine sortit une montre noire, la regarda... oui presque heure pour heure, dans la nuit du 1er au 2 février, je l'ai tué.
- Qui cela ? Un patient ? demanda Guins.
- Oui, un patient.
- Mais non sciemment ? fis-je.
- Si, de façon délibérée, répondit Iachvine."   

 

Avis d'une lectrice du dimanche

J'ai aimé ces nouvelles, même si je n'ai pas retrouvé le côté extravagant des oeuvres comme Le Maître et Marguerite ou Les oeufs fatidiques.

Ce recueil est composé de cinq récits :

  • Le feu du Khan Tougaï
  • J'ai tué
  • Le Raid
  • La couronne Rouge
  • Psaume
  • L'éruption étoilée

Je ne résumerai pas ces nouvelles car cela dévoilerait trop ces textes très courts. L'auteur ne se livre pas ici à ses célèbres et acerbes critiques de la société soviétique sous l'emprise de la censure.

Il s'agit plutôt d'un livre de jeunesse, dans lequel il décrit les ravages de la guerre civile dans son pays lors de la transition entre le régime du Tsar et celui des Bolchevicks. L'ironie n'est pas de mise tant la tristesse de l'auteur est intense. Il insiste surtout sur la perte de la raison, la cruauté gratuite des hommes et l'instabilité durant ces années de batailles.

L'autre aspect important de ces nouvelles est son expérience de la médecine. C'était le métier de Boulgakov avant de se consacrer entièrement à l'écriture. Le début de sa carrière l'a marqué. Jeune étudiant citadin, il s'est retrouvé brutalement immergé dans l'ignorance crasse des campagnes pendant ses premières années de médecine. Son combat le plus acharné a été livré contre les maladies vénériennes, notamment la syphilis. Cela se retrouve dans sa nouvelle L'éruption étoilée.

 

Deux challenges

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29 juin 2010 2 29 /06 /juin /2010 07:00

Les oeufs fatidiques - Mikhail Boulgakov

Quatrième de couverture
Toute réalité comporte, il est vrai, une bonne dose d'irrationnel, à y regarder de plus près ; cependant, tout est une question de degré. Dès l'instant où un certain nombre de critères élémentaires sont remis en question, dès lors que le bon sens et la raison sont mis en hibernation artificielle, l'engrenage diabolique est enclenché. Quand, sur simple décision administrative, on peut payer des travailleurs avec des allumettes qui ne s'allument pas, escamoter sans explication un chef de service chevronné pour le remplacer par un rustre omnipotent, ou passer outre aux mises en garde solennelles d'un savant de renommée mondiale, la déraison est d'ores et déjà installée dans la place. Le destin n'est plus alors qu'un petit coup de pouce à donner... et fouette, cocher ! 

 

Avis d'une lectrice du dimanche

Ce recueil n'a pas la beauté et l'intensité
du chef d'oeuvre Le Maître et Marguerite,
mais c'est tout de même du grand Boulgakov !

Ces récits au rythme trépidant sont délicieusement absurdes, déjantés et excessifs. Certaines scènes nées de la sombre imagination de Boulgakov, sont dignes de figurer dans certains films d’horreur…

Ces histoires loufoques se focalisent sur une critique acerbe de la dictature communiste russe et un état des lieux de la bêtise incommensurable de l’espèce humaine. S’ajoute également une idée fixe de l’auteur : lorsque le destin, sous les traits du diable, se met dans la partie, la démesure s’installe ! L’horreur et le ridicule se succèdent alors à une vitesse délirante…

Les œufs fatidiques est la plus importante des quatre nouvelles. Le professeur Persikoff, un savant particulièrement antipathique et asocial, invente un rayon capable de faire éclore à grande vitesse les œufs de grenouilles. Un des effets secondaires de cette découverte est le développement de l’agressivité chez les sujets testés. Un ministère exproprie Persikoff de tout son matériel et décide d’adapter ce rayon à l’élevage des poules... Je n’en dirai pas plus, je préfère vous laisser découvrir ces récits hors normes !

 

 Deux challenges

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24 mars 2009 2 24 /03 /mars /2009 22:00

A lire et à relire sans modération !

Une magnifique histoire d'amour émerge d'un récit absolument délirant, extravagant et grinçant. Les personnages sont caricaturaux, excessifs dans la méchanceté, la lâcheté et le ridicule. Ce livre est un pamphlet contre le Stalinisme, un jet de vitriol à l'encontre des artistes d'état qui l'ont laissé tombé... Il crie son exaspération face à une population qui a perdu tout esprit critique et toute vélléité d'insoumission.
Et pourtant, entre situations ridicules ou terrifiantes, s'élèvent au dessus de la mêlée  les sentiments sans concession d'une femme magnifique, prête à tout pour sauver son amant, y compris à devenir une sorcière...

Quatrième de couverture
Ecrit sous la terreur par un homme malade et désespéré, " Le Maître et Marguerite " a mis vingt-cinq ans pour s'imposer comme l'un des chefs-d'œuvre de la littérature russe et devenir un livre culte dont la construction diabolique n'a pas fini d'enchanter les lecteurs. Comment définir un mythe ? Les personnages de ce roman fantastique sont le diable, un écrivain suicidaire, un chat géant, Jésus et Ponce Pilate, la plus belle femme du monde... On y trouve des meurtres atroces et des crucifixions. C'est une satire acerbe, une comédie burlesque, une parodie politique, un poème philosophique dévastateur avec des fantômes et des transformations magiques.
Mais cette fantasmagorie baroque, ce film noir, cette vision d'apocalypse est aussi l'une des plus belles histoires d'amour jamais écrites.
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