1 janvier 2010
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Quatrième de couverture
"On est volontiers persuadé d'avoir lu beaucoup de choses à propos de l'holocauste, on est convaincu d'en savoir au moins autant. Et, convenons-en avec une sincérité égale au sentiment de la honte, quelquefois, devant l'accumulation, on a envie de crier grâce.
C'est que l'on n'a pas encore entendu Levi analyser la nature complexe de l'état du malheur. Peu l'ont prouvé aussi bien que Levi, qui l'air de nous retenir par les basques au bord du menaçant oubli : si la littérature n'est pas écrite pour rappeler les morts aux vivants, elle n'est que futilité."
Angelo Rinaldi
Avis d'une lectrice du dimanche
Une lecture indispensable... Je ne peux pas dire que j'ai aimé ce livre car il n'est jamais agréable de se heurter aux souvenirs les plus noirs de notre histoire. J'ai tendance à adopter le comportement un peu lâche cité dans la quatrième de couverture. J'ai lu et écouté tellement d'horreurs sur cette période que j'avais effectivement envie de crier grâce. Pourtant, les victimes de l'holocauste n'ont pas eu le privilège de pouvoir dire stop quand le cauchemard est devenu indicible. Alors la moindre des choses, pour nous les vivants, est de s'immerger dans les témoignages des survivants afin d'être vigilants car la haine et le racisme ne demandent qu'à ressurgir. Certains politiques ou même pseudo-intellectuels dénigrent les faits et voudraient faire croire que ce génocide n'a jamais eu lieu.
Le devoir de mémoire doit être sans cesse renouvelé !
Ce témoignage est exceptionnel car malgré toutes les souffrances subies, Primo Levi est parvenu à adopter un ton factuel, journalistique, sans haine et dénué de pathos. Le récit en est d'autant plus fort car les faits rapportés sont encore plus cinglants et violents sous cet éclairage presque clinique. Cette distance est seulement apparente car l'auteur ne s'est jamais remis et s'est donné la mort en 1987.
Primo Levi a été enfermé à Auschwitz, le pire des camps de la mort, de février 1944 jusqu'en janvier 1945. "Si c'est un homme" est le journal dans lequel il a consigné toutes les étapes de sa détention. Seuls 5% des juifs déportés à Auschwitz ont survécu. L'auteur décrit le quotidien complètement surréaliste, et en même temps dénonce l'arbitraire, la haine des nazis pour tout ce qui est différent d'eux. Tout a été mis en oeuvre pour une extermination à grande échelle et pour briser l'essence même de l'homme chez les détenus. Les enfants, femmes et vieillards étaient gazés dès leur arrivée. Seuls les individus mâles en état de travailler pour la dictature allemande étaient épargnés pour un temps. Leur espérance de vie moyenne était d'environ 3 mois... A force de privations, de souffrances et d'humiliation, les fascistes ont tout mis en oeuvre pour leur faire perdre leur statut d'être humain, les réduire à l'état d'animal. Par la cruauté et un savant dosage de favoritisme, tout réflexe de solidarité a été anihilé. C'est probablement cette souffrance morale qui a marqué le reste de l'existence de Primo Levi.
A la fin du récit, l'auteur a répondu aux questions qui lui étaient le plus fréquemment posées et nous livre ainsi des chiffres précis et également son analyse d'un point de vue politique et historique.
Lecture commune avec