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19 novembre 2013 2 19 /11 /novembre /2013 06:21
Complètement cramé ! - Gilles Legardinier

Quatrième de couverture

Arrivé à un âge où presque tous ceux qu'il aimait sont loin ou disparus, Andrew Blake n'a même plus le coeur à orchestrer ses blagues légendaires avec son vieux complice, Richard. Sur un coup de tête, il décide de quitter la direction de sa petite entreprise anglaise pour se faire engager comme majordome en France, pays où il avait rencontré sa femme. Là-bas, personne ne sait qui il est vraiment, et cela lui va très bien.
Mais en débarquant au domaine de Beauvillier, rien ne se passe comme prévu... Entre Nathalie, sa patronne veuve aux étranges emplois du temps ; Odile, la cuisinière et son caractère aussi explosif que ses petits secrets ; Manon, jeune femme de ménage perdue ; Philippe, le régisseur bien frappé qui vit au fond du parc, et même l'impressionnant Méphisto, Andrew ne va plus avoir le choix. Lui qui croyait sa vie derrière lui va être obligé de tout recommencer...

 

Avis d’une lectrice du dimanche

Une bien jolie histoire, pétrie de bons sentiments, peu crédible, un peu naïve… et j’en redemande !

Andrew Blake, un riche industriel britannique, ne supporte plus le visage que prend son entreprise et s’épuise en conflits avec des cadres affamés de profit. Son respect des salariés et du consommateur se heurtent avec les idées dans l’air du temps comme les délocalisations et la production de produits de qualité médiocre.

La vie a un peu malmené ce patron de la vieille école, il pleure encore la mort d’être chers, surtout la disparition de son épouse.

Alors il donne les pleins pouvoirs à son assistante et s’échappe en France, pays natal de sa femme. Avec la complicité de son meilleur ami, il se fait embaucher comme majordome, aussi doit-il désormais vivre avec sa nouvelle patronne et des collègues plutôt loufoques.

D'autres romans ressemblent beaucoup à ce récit :

Si ces livres éveillent un écho aussi agréable, c'est tout simplement car les auteurs rêvent de choses simples et nécessaires qui font cruellement défaut dans notre société : la solidarité, l'amitié, le mélange des âges, un relationnel respectueux dans le milieu professionnel....

 

Merci Sandrine pour cette lecture commune !

 

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25 mai 2013 6 25 /05 /mai /2013 09:58
En souvenir d'André - Martin Winckler

Quatrième de couverture

Ça se déroulait toujours de la même manière. Une voix appelait sur mon cellulaire, tard le soir ou tôt le matin. Elle demandait à me rencontrer en tête-à-tête. Et donnait la phrase rituelle :
«En souvenir d'André.»
Je me rendais à l'adresse indiquée et là, je rencontrais un homme, parfois seul, parfois avec une autre personne, de son âge ou plus jeune. On ne faisait pas de présentations. Ils connaissaient mon nom, ils m'avaient donné leur prénom. Lorsque le malade souffrait trop, l'autre personne était là pour m'expliquer. Je l'arrêtais très vite.
«Je vais d'abord m'occuper de la douleur.»

Avis d'une lectrice du dimanche

Un beau roman, tellement humain... Martin Winckler se penche sur le suicide assisté, il évoque le regard de notre société sur la mort et la souffrance. Ce livre est beaucoup plus qu'un énième plaidoyer en faveur l'euthanasie, l'auteur réfléchit aux besoins réels des malades en fin de vie.

Le narrateur (ce n'est pas l'auteur) est un médecin qui accepte d'aider certaines personnes, sur leur demande, à abréger leur agonie. Le pays, en Europe, n'est pas précisé, mais on peut supposer qu'il s'agit d'une nation telle que la Suisse où l'euthanasie est maintenant acceptée et encadrée au niveau législatif.

Martin Winckler ne se limite pas à énumérer les moyens employés pour accélérer la fin sans douleur ni peur. Le narrateur suggère que finalement peu de gens demandent réellement à mourir. Les malades ont surtout besoin d'être respectés et écoutés. Et même les patients qui demandent à en finir attendent beaucoup plus qu'une assistance technique. Ils ont besoin d'un accompagnement pour réaliser un cheminement personnel, intellectuel et affectif.

A travers ce livre où la trame romanesque est toujours un peu extravagante, selon l'habitude de Martin Winckler, ce médecin-écrivain continue son combat en faveur des malades. Il fustige la condescendance souvent de mise dans le milieu médical. Le malade est seulement un cas pathologique, il n'a pas accès à l'information, sa souffrance est minorée... Et surtout le libre-arbitre si cher à l'humain est anéanti dès son entrée à l'hôpital.

Martin Winckler assène des images parfois caricaturales, voire même provocantes pour faire réagir et réfléchir le lecteur. Il faut certes que le milieu médical se remette en question mais également les individus car les familles ont souvent du mal à respecter les souhaits de leurs proches en fin de vie...

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18 mai 2013 6 18 /05 /mai /2013 10:56
Profanes - Jeanne Benameur

Quatrième de couverture

Ancien chirurgien du cœur, il y a longtemps qu’Octave Lassalle ne sauve plus de vies. À quatre-vingt-dix ans, bien qu’il n’ait encore besoin de personne, Octave anticipe : il se compose une “équipe”. Comme autour d’une table d’opération – mais cette fois-ci, c’est sa propre peau qu’il sauve. Il organise le découpage de ses jours et de ses nuits en quatre temps, confiés à quatre “accompagnateurs” choisis avec soin. Chacun est porteur d’un élan de vie aussi fort que le sien, aussi fort retenu par des ombres et des blessures anciennes. Et chaque blessure est un écho.

Dans le geste ambitieux d’ouvrir le temps, cette improbable communauté tissée d’invisibles liens autour d’indicibles pertes acquiert, dans l’être ensemble, l’élan qu’il faut pour continuer. Et dans le frottement de sa vie à d’autres vies, l’ex-docteur Lassalle va trouver un chemin.

Jeanne Benameur bâtit un édifice à la vie à la mort, un roman qui affirme un engagement farouche. Dans un monde où la complexité perd du terrain au bénéfice du manichéisme, elle investit l’inépuisable et passionnant territoire du doute. Contre une galopante toute-puissance du dogme, Profanes fait le choix déterminé de la seule foi qui vaille : celle de l’homme en l’homme.

Profanes - Jeanne Benameur

Avis d'une lectrice du dimanche

J'ai adoré ce livre, comme tous ceux qu'a écrit Jeanne Benameur d'ailleurs...

Jeanne Benameur n'écrit jamais d'histoires extraordinaires, héroïques, hors du commun. Ce sont toujours des récits ancrés dans le quotidien mais embellis par son écriture ciselée et surtout son humanisme.

Chirurgien à la retraite, Octave Lassalle est au crépuscule de son existence. A 90 ans, il ne sauve plus de vies, il pleure encore la mort de sa fille et le départ de sa femme pour le Canada. Ces déchirements n'entament pourtant pas son attachement à la vie.

Octave Lassalle prépare sa fin de vie avec minutie. Ses dernières années ou derniers jours doivent être dignes, le plus confortables possible et, pourquoi pas, plus paisibles et douces. Il réunit autours de lui quatre personnes pour l'assister, chacune son tour, dans les différentes parties de sa journée. Ces maillons l'aideront également à tout mettre en ordre avant le grand départ. Marc Mazetti, Yolande Grange, Hélène Aurèle et Béatrice Benoît la plus jeune, ont tous une histoire différente et l'alchimie de leur énergie va peu à peu faire revivre la grande maison morne du vieil homme.

Tous ces êtres, blessés et affectés par les aléas de la vie et de la mort, se battent pour saisir quelques instants de bonheur, luttent pour donner un sens à leur existence. Chaque minute vaut la peine d'être vécue même si c'est la dernière.

Jeanne Benameur, avec sa plume si belle, sobre et poétique, nous offre une véritable leçon d'énergie, un hymne à la vie.

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12 mai 2013 7 12 /05 /mai /2013 22:27
L'avenue des géants - Marc Dugain

Quatrième de couverture

Al Kenner serait un adolescent ordinaire s'il ne mesurait pas près de 2,20 mètres et si son QI n'était pas supérieur à celui d'Einstein. Sa vie bascule par hasard le jour de l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy. Plus jamais il ne sera le même. Désormais, il entre en lutte contre ses mauvaises pensées. Observateur intransigeant d'une époque qui lui échappe, il mène seul un combat désespéré contre le mal qui l'habite. Inspiré d'un personnage réel, Avenue des Géants, récit du cheminement intérieur d'un tueur hors du commun, est aussi un hymne à la route, aux grands espaces, aux mouvements hippies, dans cette société américaine des années 60 en plein bouleversement, où le pacifisme s'illusionne dans les décombres de la guerre du Vietnam.

Avis d’une lectrice du dimanche

Un récit difficile, dérangeant, profondément déplaisant… mais le talent de l’auteur fait qu’il m’a été impossible de fuir ce roman après l’avoir commencé !

Marc Dugain s’inspire de la vraie vie du tueur en série Edmund Kemper (d’ailleurs toujours en vie et interné). Je n’ai pas du tout apprécié ce roman, glauque, pervers… Je n’ai pas compris quel pouvait être l’intérêt de se faire l’écho des psychopathes qui hantent nos rues.

L’auteur insiste sur la souffrance psychologique de ce tueur, la maltraitance des enfants qui forge des personnalités perverses. Je n’ai pas saisi l’intérêt d’enfoncer des portes ouvertes et énoncer des lieux communs. Comme s’il était possible d’avoir de l’empathie pour les monstres !

L’idée sous-jacente est que ce type de tueur ne guérit jamais et possède souvent l’intelligence nécessaire pour berner les psychiatres. L’ensemble du livre dévide l’écheveau de perspectives toutes plus réjouissantes les unes que les autres…

L’auteur s’attarde également sur la société américaine à l’époque de l’assassinat de Kennedy, de la guerre du Vietnam et du mouvement hippie. Je n’ai pas bien saisi si le dénigrement permanent de cette jeunesse qui aspirait à plus de liberté et d’authenticité est le fait de l’auteur ou juste du tueur.

Ce livre m'a laissé un goût bien amer... J'ai préféré, de très loin, L'insomnie des étoiles !

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28 février 2012 2 28 /02 /février /2012 13:00

 La-legende-de-nos-peres---sorj-chalandon.jpg

 

Quatrième de couverture

Sorj Chalandon, 57 ans, a été journaliste à Libération. Ses reportages sur l'Irlande du Nord et le procès Klaus Barbie lui ont valu le prix Albert-Londres en 1988. Il a publié, chez Grasset, Le petit Bonzi (2005), Une promesse (2006, prix Médicis) et Mon traître (2008).  

"J'ai laissé partir mon père sans écouter ce qu'il avait à me dire, le combattant qu'il avait été, le Résistant, le héros. J'ai tardé à le questionner, à moissonner sa mémoire. Il est mort en inconnu dans son coin de silence. Pour retrouver sa trace, j'ai rencontré Beuzaboc, un vieux soldat de l'ombre, lui aussi. J'ai accepté d'écrire son histoire, sans imaginer qu'elle allait nous précipiter lui et moi en enfer..."

 

Avis d'une lectrice du dimanche

Quel livre émouvant, captivant !

Le narrateur, Marcel Frémaux, a d'abord affuté sa plume dans un journal, puis le métier de biographe familial s'est imposé à lui. Il lègue à des parents ou amis proches, des récits de vies qui seraient restées dans l'anonymat sans son talent de conteur. Quel beau cadeau pour une fête familiale, pour la mémoire des générations futures ! 

Un jour, Lupuline Beuzaboc se présente à son bureau pour qu'il entreprenne le récit de la vie de son père, Tescelin, ancien résistant. Cette commande rencontre un écho affectif presque douloureux dans le coeur du biographe. Son propre père, Pierre Frémeaux, était lui-même un résistant de la première heure, arrêté et déporté à la fin de la guerre. Ce combattant de l'ombre a toujours eu une vie discrète, humble, et la mort l'a finalement emporté avant que son fils soit suffisamment mature pour écouter son histoire. A travers cette biographie, Marcel Frémaux espère passionnément honorer à la fois la mémoire de son père et celle de Beuzaboc.

J'ai beaucoup aimé les passages où il parle du métier de biographe (à mon avis, LE métier de rêve !!!) et comment il construit son récit, sa manière d'écouter...

J'ai retrouvé dans cet ouvrage les thèmes déjà rencontrés dans "Mon traître" : l'admiration pour les héros qui luttent contre la répression, le désespoir face au mensonge et à la traîtrise. Sorj chalandon réaffirme également le besoin de mémoire, le respect des anciens, porteurs de sagesse et d'expérience.

 

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25 février 2012 6 25 /02 /février /2012 00:05

Dans-la-nuit-brune---Agnes-Desarthes.jpg

 

Quatrième de couverture

La vie de Jérôme est ébranlée. L’amoureux de sa fille vient de mourir dans un accident de moto. Ordinairement imperturbable, il plonge dans une profonde agitation en tentant de gérer la crise. Bouleversé par des secousses successives, il doit se rendre à l’évidence : enfant sauvage recueilli dans les bois, il ne sait rien de lui-même et de ses origines. Il tente alors de se plonger dans son passé, guidé par un étrange mentor…

 

Avis d’une lectrice du dimanche

En lisant ce roman, j’ai été sensible à l’atmosphère particulière qu’Agnès Désarthes a sur créer. Mais finalement, que reste-t-il de ce roman une fois la dernière page tournée ?

Des thèmes très différents s’entrelacent dans ce livre, ce qui a fini par me donner une impression d'incohérence, un manque de consistance…

Jérôme, divorcé, vit seul avec sa fille Marina. Lorsque l’ami de sa fille décède dans un accident de moto, Jérôme peine à réconforter Marina tant il est lui-même enseveli par le chagrin. Un chagrin lourd dont il ne définit pas exactement l’origine. Il se livre à une introspection, démarche difficile dans la mesure où il se révèle la plupart du temps incapable d’exprimer ses sentiments.

Son passé refoulé s’impose à lui : il a été trouvé, seul, abandonné dans une forêt, et ses parents adoptifs se sont révélés des caractères étranges, complètement insaisissables.

Après un début très lent, tout semble s’emballer avec la rencontre d’un policier à la retraite et une touriste écossaise. Nous assistons à la fois à une enquête pour meurtre et à une explication sur son passé.

 

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11 février 2012 6 11 /02 /février /2012 00:05

Le-train-de-Venise---Georges-Simenon-copie-1.jpg 

Quatrième de couverture
Pourquoi toute l'image était-elle centrée sur sa fille ? Cela le gênait un peu, ou plutôt c'est après surtout qu'il y pensa, une fois le train en marche. Et encore ne fut-ce, en réalité, qu'une impression fugace, née au rythme du wagon et aussitôt absorbée par le paysage. Pourquoi Josée et non sa femme ou son jeune fils, alors qu'ils étaient groupés tous les trois dans la moiteur du soleil ? Peut-être parce que la silhouette de sa fille, dans une gare, debout devant un train en partance, était plus incongrue ? Elle avait douze ans ; elle était grande et mince, les jambes et les bras encore grêles, et les bains de mer, le soleil de la plage avaient donné à ses cheveux blonds des reflets argentés.

Avis d’une lectrice du dimanche
Ce roman m’a laissée perplexe… C’était la première fois que je lisais cet auteur, j’avoue que ce titre ne me donne pas envie de récidiver.  Il ne se passe RIEN et c’est d’un pessimisme !
Justin Calmar abrège ses vacances pour reprendre le travail. Il rentre seul, sa femme et sa fille s’attardent quelques jours de plus pour profiter de la douceur estivale. Dans le train qui le ramène de Venise vers Paris via la Suisse, un mystérieux voyageur demande un service à ce père de famille : déposer une valise à Lausanne. Sa vie tranquille va être quelque peu perturbée par la découverte d’un cadavre et de liasses de billets. Mais Justin Calmar n’est pas un homme d’action, il préfère la réflexion. Il réfléchit beaucoup, il déprime beaucoup…

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8 février 2012 3 08 /02 /février /2012 00:05

L-Apiculteur---Maxence-Fermine-copie-1.jpg

 

Quatrième de couverture

" Je recherche l'or du temps ", écrivit le poète André Breton. Cette maxime aurait pu être celle d'Aurélien, héros de ce roman d'aventures initiatique. Depuis qu'une abeille a déposé sur sa ligne de vie une fine trace de pollen doré, ce jeune Provençal de la fin du XIXe siècle ne rêve plus que de l'or - un or symbolique, poétique, qui représente bien plus que le métal précieux. Son rêve le décidera à se détourner des champs de lavande familiaux pour installer des ruches et fabriquer le miel le plus suave. Puis, après l'anéantissement de son travail par un violent orage, à partir pour l'Abyssinie, où l'attend une femme à la peau d'or, qu'il a vue en rêve...

 

Avis d'une lectrice du dimanche

Très beau roman !  

Un seul regret : cet auteur écrit des livres trop courts ! J'ai regretté de tourner trop vite la dernière page, je suis restée sur ma faim avec sa conclusion un peu rapide.
J'ai eu le même plaisir de lecture qu'avec son roman Neige, la même nostalgie une fois le livre refermé.

L'écriture poétique de Maxence Fermine est belle, métaphorique, les mots exhalent de doux parfums et laissent dans leur sillage des couleurs, des sensations. 

Ce conte s'interroge sur le sens de la vie, la réalisation des rêves, le désir de donner du sel à son existence. Chaque être imagine son propre trésor, la richesse se dessine différemment dans l'imaginaire de chacun.

Aurélien a une conception toute personnelle de l'or : il sera apiculteur et récoltera le miel doré des abeilles. Les aléas de la vie mettent à l'épreuve les rêves d'Aurélien et le poussent sur les pistes de l'Afrique. Finalement, quelle sera le sens de sa quête ? Aurélien chute, se relève parfois meurtri, avance résolument parfois vers des mirages, parfois vers l'essence même de la vie, la connaissance de soi et des autres.

Cette fable est optimiste car le voyage intérieur peut avoir un achèvement avant le point final de la mort. Il s'agit d'imaginer la plénitude, d'effleurer un équilibre, comprendre pourquoi la vie vaut la peine d'être aimée...

 

Extraits 

"En 1869, un certain Ferdinand de Lesseps permit l'ouverture du canal de Suez, offrant aux aventuriers, aux voyageurs et aux commerçants une nouvelle route vers l'Afrique. C'était bien sûr une folie : mêler le feu de la mer Rouge au bleu de la Méditerranée. Dix-neuf années plus tard, Aurélien Rochefer profitait de cette folie.
En cette partie du monde, la terre saigne et se répand dans les eaux, laissant le ciel cicatriser sa blessure avec de grands lambeaux de lumière. Ce soir-là, tandis que le bateau glissait lentement sur les eaux du canal de Suez, dans l'architecture tremblante des vagues formées par la rencontre inattendue de deux mers que tout oppose, Aurélien huma les fragrances de l'Orient, les parfums des épices et comprit qu'il se trouvait enfin sur la terrasse de l'Afrique."

"Cette nuit-là, tout en marchant dans le désert, Aurélien eut l'intuition de cette chose qui ne vient qu'au moment de mourir : la vie ne tient qu'à la solidité d'un fil. Un fil d'or tissé par les jours où l'on comprend que le besoin d'étancher sa soif sera toujours plus fort que le plaisir de boire. Que le besoin de rester en vie sera toujours plus beau que le plaisir de vivre.
Et il eut envie, de toutes ses forces, de rester rattaché à ce fil."

 

Merci Anjélica pour ce roman !
L'Apiculteur voyagera prochainement chez Yueyin...

 

 

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31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 00:10

Rouge-dans-la-brume---Gerard-Mordillat.jpg 

Quatrième de couverture

Carvin, la trentaine, est ouvrier mécanicien dans une usine du Nord. Sa femme Chantal rêve de confort et de soleil. Ne supportant plus la dureté de leur vie ni les luttes quotidiennes, elle le quitte et emmène avec elle Océane, leur fille de quatre ans. Anath, la trentaine elle aussi, est DRH dans l’usine où travaille Carvin. Elle est mariée à un professeur d’université qui lentement s’éloigne d’elle, perdu dans les livres, l’alcool et d’inavouables secrets.
Rien ne semblait devoir rapprocher Carvin et Anath. Un monde les séparait. Mais quand l’usine est brutalement fermée par ses actionnaires américains, qui rayent de la carte presque 400 emplois, la tempête qui se lève unit leurs destins.
Les ouvriers s’insurgent, occupent le site, incendient le stock, les ateliers, les camions de ceux qui voulaient déménager les machines. La révolte se propage à une deuxième usine, puis à une troisième, portée par l’espoir que le pays tout entier s’embrase.
C’est au cœur du brasier qu’Anath et Carvin se découvrent. Contre toute attente, contre toute raison, c’est dans la lutte que naît leur amour. L’un et l’autre n’ont plus rien à perdre, mais une vie à gagner. Sont-ils fous, criminels, insensés ? Ont-ils une chance de triompher ? Qu’importe !
Dans la folie du temps présent, ils auront su dire non. Ils auront fait entendre leur voix.

Avis d’une lectrice du dimanche


Je suis toujours touchée par les écrits de Gérard Mordillat, un des rares auteurs contemporains qui évoque si bien le monde ouvrier, avec autant d'empathie et de respect.

Le contexte est sans doute celui de nombreux sites industriels en France : Les actionnaires d'une usine, après avoir honteusement empoché l'argent public des collectivités locales, reviennent sur leur engagement de maintenir l'activité sur le site et ferment brutalement l'usine. Leur objectif affiché est de plaider la survie de l'ensemble du groupe devant des médias acquis à leur discours et au final ne financer aucun plan social. Carvin sera l'un des ouvriers les plus engagés dans la lutte. Contre toute attente, il sera rejoint par Anath, la DRH. Pour elle, gérer des ressources humaines implique encore la notion de respect et de justice. Tout autour d'eux, les familles se déchirent, les liens amicaux et amoureux survivent difficilement à la misère économique.

Même si je ne boude pas mon plaisir, je dois quand même admettre que cette histoire offre des similitudes assez importantes avec un de ses romans précédents, Les vivants et les morts. Les ficelles romanesques sont toujours les mêmes : un couple qui se déchire, un époux infidèle malgré tout attaché à sa famille, un meneur pur et dur dans la lutte contre le capitalisme sauvage, une histoire d'amour qui se noue dans la tourmente...

 

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26 janvier 2012 4 26 /01 /janvier /2012 18:00

Un-soir-de-decembre---delphine-de-vigan.jpg 

Quatrième de couverture

Quarante-cinq ans, une femme, deux enfants, une vie confortable, et soudain l'envie d'écrire, le premier roman, le succès, les lettres d'admirateurs... Parmi ces lettres, celles de Sara, empreintes d'une passion ancienne qu'il croyait avoir oubliée. Et qui va tout bouleverser. Au creux du désir, l'écriture suit la trajectoire de la mémoire, violente, instinctive, et trompeuse.

 

Avis d'une lectrice du dimanche

J’ai eu envie de lire ce roman d’abord parce que c’est un coup de cœur de Anne-Laure (elle a ressenti ce roman d'une manière plus décalée et avec un détachement amusé), et ensuite parce que j’apprécie cet auteur. J’ai beaucoup aimé sa description méthodique, presque clinique, du harcèlement dans l’entreprise à travers son roman  Les heures souterraines, et puis j’ai été touchée par son récit  No et moi.
Mais j’ai n’ai pas du tout accroché avec ce roman. Même si l'écriture de Delphine de Vigan parvient à donner une certaine intensité à cette histoire…

 

Mathieu a toujours eu une vie très facile. Séducteur impénitent, il a été homme à femmes jusqu’à ce qu’il rencontre Claire, son épouse. Cette dernière est belle, intelligente et en plus d’un naturel optimiste, sans acrimonie. Mathieu pense aimer de tout son cœur Claire et leurs deux enfants. Cerise sur le gâteau pour cette vie de rêve, cet homme connaît un succès soudain et foudroyant avec son premier roman. Il suffira de trois lettres d’une ancienne maîtresse pour exacerber le caractère superficiel, narcissique et cavaleur de notre cher père de famille. Je ne serai pas réductrice au point de résumer ce livre à quelques mots : le démon de la quarantaine… Mais c’est bien tentant !

 

Les affres de la création littéraires, l’angoisse de l’écrivain devant la page blanche, les dégâts psychologiques du succès trop rapide… Tous ces thèmes sont abordés mais presque de manière secondaire.

 

Bref, je n’ai absolument pas éprouvé la moindre empathie le héros. Son cheminement m’a laissée de marbre tant son égoïsme semble incurable…


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