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27 juin 2011 1 27 /06 /juin /2011 18:50

Voyage-dans-les-cevennes---Stevenson.jpg 

 

Quatrième de couverture

"Voyage avec un âne dans les Cévennes " - un des premiers livres, si je ne m'abuse, qui ait fait découvrir M. Stevenson aux amoureux du style - abonde en charmantes illustrations de sa tendance à voir le monde comme une bohème non pas vraiment raffinée, mais glorifiée et pacifiée. Je me souviens fort bien avoir éprouvé à sa lecture, voici plus de dix ans, l'impression de voir le visage de l'auteur, alors inconnu du public, apparaître à mes yeux par la grâce d'un style." 
                                                                 Henry James 

 

Avis d'une lectrice du dimanche

Un récit de voyage savoureux !

 

Mon seul regret : ne pas avoir choisi la parution chez les Editions du Rouergue (1998), avec les photographies de Nils Warol…

 

Voyage-dans-les-cevennes---Ed-Rouergue.jpg

 

Suite à une rupture amoureuse, Stevenson décide de se changer les idées grâce à une randonnée de douze jours dans les Cévennes. Ce récit, publié en 1879, offre un beau voyage géographique et temporel !

La belle plume de l’auteur nous fait arpenter avec délice les chemins de randonnée au rythme de Modestine, l’âne qui partagea son périple pour le meilleur et pour le pire. Il part du Monastier jusqu’à Saint-Jean-du-Gard (près d’Alès), traversant ainsi la région de Velay, le Gévaudan, le Mont Lozère et les Cévennes. Cet itinéraire correspond aujourd’hui à une grande partie du GR 70.

Le ton est enjoué, piquant et plein d’humour. La relation de Stevenson avec son âne est des plus drôles, parfois complice et le plus souvent conflictuelle ! Le voyageur écossais décrit à la fois les us, coutumes et paysages. Le ton est passionné pour décrire les sites qui le charment, ou au contraire sa faconde communique son angoisse face à certains endroits froids, désertiques.

Ses seules appréhensions vis-à-vis de la population sont d’être pris dans des querelles idéologiques, en pleine guerre de religion, avec des camisards battant la campagne !

 

Extraits

"L'auberge du Bouchet-Saint-Nicolas était des moins prétentieuses que j'aie jamais visitées, mais j'en vis beaucoup plus de ce genre durant mon voyage. Elle était en effet typique de ces montagnes françaises. Qu'on imagine une maison campagnarde à deux étages avec un banc devant la porte, la cuisine et l'étable contiguës, de sorte que Modestine et moi pouvions nous entendre dîner réciproquement. Ameublement des plus sommaires, sol de terre battue un dortoir unique pour les voyageurs et sans autre commodité que des lits. Dans la cuisine, cuisson et manger vont de pair et la famille y dort la nuit. Quiconque a la fantaisie de faire sa toilette doit y procéder en public à la table commune. La nourriture est parfois frugale : du poisson sec et une omelette ont constitué en plus d'un cas mon menu. Le vin y est des plus médiocres, l'eau-de-vie abominable. Et la visite d'une énorme truie grognant sous la table et se frottant à vos jambes n'est pas un impossible accompagnement du repas.

 

"En second lieu, mon chemin traversait une des contrées les plus misérables du monde. C'était en quelque sorte en dessous même des highlands d'Ecosse, en pire. Froide, aride, ignoble, pauvre en bois, pauvre en bruyère, pauvre en vie. Une route et quelques clôtures rompaient l'immensité uniforme et le tracé de la route était jalonné par des bornes dressées afin de servir de repère en temps de neige."

 

"Pendant 12 jours, nous avions été d'inséparables compagnons ; nous avions parcouru sur les hauteurs plus de cent vingt kilomètres, traversé plusieurs chaînes de montagnes considérables, fait ensemble notre petit bonhomme de chemin avec nos six jambes par plus d'une route rocailleuse et plus d'une piste marécageuse. Après le premier jour, quoique je fusse souvent choqué et hautain dans mes façons, j'avais cessé de m'énerver. Pour elle, la pauvre âme, elle en était venue à me considérer comme une providence. Elle aimait manger dans ma main. Elle était patiente, élégante de formes et couleur d'une souris idéale, inimitablement menue. Ses défauts étaient ceux de sa race et de son sexe ; ses qualités lui étaient propres. Adieu, et si jamais..."

 

 carte-generale-2011-g-trans

 

 

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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 18:00

Le-coeur-de-l-hiver---Dominic-Cooper.jpg

 

Quatrième de couverture

Sur la côte ouest de l'Ecosse, Alasdair Mor exploite la petite ferme familiale, seul après la mort de son père et le départ pour la ville de son frère. Il vit de la pêche au homard. Il aime profondément la nature sauvage et grandiose qui l'entoure. Mais un couple s'installe dans les environs, et le vol et le mal font irruption dans la vie d'Alasdair qui répond par l'incompréhension. L'homme s'en prend aux animaux d'Alasdair, et l'entraîne dans un affrontement à mort après une poursuite hallucinante à travers les collines sauvages.

Au-delà des personnages austères et attachants, les véritables héros du livre sont l'océan, le vent glacial et la lande inhabitée. Les descriptions de la mer ou du passage des saisons vers un inévitable "cœur de l'hiver" sont inoubliables.

Ce texte poétique et lyrique aux accents steinbeckiens est écrit dans une langue magnifique.

 

Avis d'une lectrice du dimanche

Un texte terrible, tragique et poétique !

Il y a très peu d'action dans roman, mais l'écriture magnifique de Dominic Cooper nous immerge brutalement dans le climat âpre des Highlands en hiver et surtout dans la bêtise humaine, insondable, la cruauté gratuite. C'est noir, sans espoir...

 

Alasdair vit dans une contrée désolée dans les Highlands, sur la côte Occidentale. Les rares habitants ont fui depuis longtemps vers des cieux plus cléments pour trouver du travail et des conditions de vie moins dures. Alasdair est resté seul dans la ferme familiale. Il pêche du homard et élève un peu de bétail. Il ne compte qu’un ami, qu’il voit brièvement de temps à autres. La solitude ne lui est pas si pénible car il a été la cible de moqueries pendant toute sa jeunesse. Son physique ingrat, sa lenteur et sa timidité l’ont fait passer pour un simple d’esprit. Il vit avec peu de choses, en accord avec la nature, et a conservé une sorte d'innocence. Son existence peut sembler frustre, dérisoire même, mais il a peut-être trouvé le trésor le plus précieux, une forme de bonheur : la sérénité.
An Sionnach, un homme mystérieux, arrive dans cet endroit désertique et trouble cette quiétude. Pétri de haine, il va empoisonner l’existence d’Alasdaire par un harcèlement violent, méthodique. La tension monte jusqu’à un duel sans merci.

 

Quelque extraits :

"En contrebas se trouvaient les deux terrasses surplombant la grève, là où la famille de son grand-père avait fait pousser l'orge pour son whisky. Grandes marches vertes contre les collines brunes et la mer hyaline, elles étaient à présent en friche, les sillons dans l'herbe disparaissaient rapidement sous la fougère qui proliférait. C'était là que broutaient les moutons d'Achateny, tels des poux à fourrure éparpillés le long de la côte, leurs bêlement pathétiques se mêlant aux folles menaces des goélands marins, des goélands argents et des corneilles mantelées qui plongeaient, s'élevaient et tournoyaient au-dessus du littoral. Au-delà, les grands donjons crénelés des rochers noirs contrastaient avec les langues de terre et les récifs qui mouchetaient le léger ressac et que la marée était en train de recouvrir."

"S'ils se connaissaient depuis des années, on aurait pu croire qu'ils se voyaient pour la première fois, étrangers se croisant sur la route. Car l'affection entre habitants, dans les Highlands, était presque invisible, et rarement exprimée. Aider et être aidé était leur manière de manifester leur amitié." 

"Pendant plusieurs heures encore la tempête virevolta et bondit parmi les falaises et les collines, piétinant, riant et grognant dans l'excitation de l'attaque ; et la terre sans voix continuait à somnoler en paraissant ignore les maraudages de son agile agresseur."

 

 

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3 octobre 2009 6 03 /10 /octobre /2009 00:15

Quatrième de couverture

Murdo Munro travaille dans les forêts de son île natale sur la côte ouest de l’Écosse. Il s’est depuis longtemps résigné à sa solitude et à l’hostilité froide de sa femme lorsque, le jour du mariage de sa fille, devant la perspective du face-à-face conjugal qui l’attend, il décide de brûler sa maison et de partir.

Munro marche dans cette forêt qu’il aime, monte dans un bateau et va rejoindre sa sœur. Après des semaines vécues dans la crainte d’être rattrapé il décide de faire face à ses responsabilités et de retourner chez lui, mais il reçoit une lettre de sa femme qui l’informe de son désir de le voir puni.

L’écriture est magnifique, aussi bien dans l’évocation puissante de la nature que dans le reflet du tourment intérieur qui ronge le personnage. Cooper écrit un livre magnifique sur l’errance, sur la difficulté d’être soi quand les autres ne vous connaissent pas tel que vous êtes et vous font exister à l’inverse de ce que vous voudriez vivre.

L’auteur du Cœur de l’hiver confirme sa profonde originalité et son talent d’écrivain en prise avec la nature.

 

 

Avis d’une lectrice du dimanche


Un roman magnifique !

Il est difficile, au début, d'éprouver la moindre empathie pour Murdo Munro. Malheureux en ménage car il a mal supporté l'indifférence de plus en plus marquée de sa femme, Murdo s'est réfugié dans l'alcool et a eu l'impression de n'avoir tissé aucun lien avec sa fille. Tous ses maux sont bien sûr la faute de son épouse ! Sa rancoeur est telle qu'il incendie sa maison le jour du mariage de sa fille, tourne le dos à sa vie et se sauve.
Cette fuite éperdue constitue une sorte de voyage initiatique, cet homme cherche désespérément un hâvre de paix, un sens à sa vie.
Peu à peu la compassion naît grâce à l'écriture superbe de Dominic Cooper et j'ai suivi la course de Murdo, seul, apeuré et traqué...

Cette quête de sens se déroule dans les paysages de l'Ecosse.
Les descriptions et les images sont sublimes !
Dès les premières lignes du récit, la plume de Dominic Cooper trace des sillons indélébiles dans cette terre.
Son style très pur fait naître des images somptueuses pour nous retenir dans cette nature apaisante, authentique...

Un grand merci à Keisha qui m'a fait parvenir ce livre voyageur !

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